Il était beau l'optimisme de l'IATA en décembre dernier. L'association voyait arriver 2020 avec ses promesses de stabilité : pétrole bas, trêve en vue dans les guerres commerciales, atténuation de la menace de récession. La seule ombre au tableau était l'incertitude sur le retour en service du 737 MAX, ce qui n'empêchait pas l'IATA de prévoir une hausse de plus de 13% des bénéfices de ses compagnies aériennes membres.
Mais le Covid-19 s'est invité à la fête. En quelques semaines, il a fait mettre un genou à terre au transport aérien asiatique. Et il s'attaque désormais au reste de la planète, plus aucun continent n'étant aujourd'hui épargné par l'épidémie. Les annulations de vol se multiplient : l'Italie et l'Iran sont à leur tour en quarantaine, Lufthansa prévoit de supprimer jusqu'à 25% de son programme de vols moyen-courrier. Et la propagation s'accélère en France, en Allemagne, aux Etats-Unis...
« S'il ne faut pas céder à la panique, la situation va empirer », a reconnu hier Paolo Gentiloni, commissaire européen membre de la nouvelle « corona response team » de l'UE, en charge des questions économiques. Sur ce plan, il estime qu'il serait très optimiste de compter sur une crise en V, qui serait marquée par une reprise très rapide.
Qu'en sera-t-il pour le secteur du transport aérien ? Ses perspectives de croissance à long terme ne sont pas en danger : il s'est remis du 11 Septembre, du SRAS, de la crise de 2008, il se remettra du coronavirus et verra le nombre de ses passagers doubler d'ici quinze-vingt ans. Mais l'incertitude qu'apporte cette épidémie pourrait lui coûter cher à court terme. L'IATA imaginait déjà la première chute de la demande depuis la crise financière de 2008, alors même que l'épidémie ne touchait encore que l'Asie.
Le sujet, pour les compagnies aériennes, va être d'affronter les prochains mois. Les décisions prises par certains transporteurs asiatiques s'étendent désormais : toutes, de Lufthansa, à Air France ou Emirates, ont recours en ordre dispersé à des mesures extraordinaires de réduction des coûts (congés sans solde, gel des embauches, réductions de postes...) pour affronter la tempête. Willie Walsh, le président d'IAG, s'attend à ce que la situation se stabilise dès les prochaines semaines, si l'épidémie évolue de la même manière qu'en Chine.
Mais le trou d'air et le manque de visibilité sur sa durée pourraient rendre le virus fatal pour les compagnies les plus fragiles et provoquer une nouvelle vague de consolidation.
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