Alors que le salon MRO Europe ouvre ses portes à Londres jusqu'au 17 octobre, de multiples questionnements concernant les grandes tendances du secteur de la maintenance ne manqueront pas d'alimenter les débats.
Il y a tout d'abord bien sûr cet éternel Brexit, qui tend désormais vers le pire et qui impactera évidemment davantage les sociétés britanniques. La longue immobilisation du programme 737 MAX de Boeing vient ensuite, avec nécessairement une montée en puissance des demandes de compensations sonnantes et trébuchantes de la part des opérateurs et des loueurs. Il y a aussi ces récentes disparitions de compagnies aériennes en Europe, à l'instar de Thomas Cook, Aigle Azur, XL Airways et Adria en seulement quelques jours, conséquence d'une fragmentation trop importante couplée d'une réelle indiscipline menée par certains acteurs avides de nouvelles parts de marché sur le vieux continent.
On commence également à vraiment fustiger le règlement EU261, intimement lié finalement au domaine de la MRO (maintenance en ligne et maintenance prédictive) et qui pèse toujours plus sur les comptes des compagnies aériennes. Viennent toujours aussi les problématiques de main-d'oeuvre (compétitivité, formations des futurs apprentis pour l'avenir), les saturations de centres d'entretien des moteurs (tension sur les pièces neuves au niveau des OEM et visites non programmées de réacteurs de nouvelles générations), la poursuite de la montée en puissance des avionneurs et des équipementiers sur le marché et, bien entendu, la grande bataille des données, qui n'en est encore qu'à ses débuts. Enfin, le projet d'Airbus concernant de possibles royalties sur les factures émises par les sociétés MRO tachant ses appareils, une tendance de fond qui pourrait finalement être généralisé à tous les avionneurs, ne manquera pas non plus d'animer les nombreux échanges du salon.
Quoi qu'il en soit, les perspectives à long terme du continent présentées par le cabinet Oliver Wyman CAVOK à MRO Europe ne faiblissent pas, portées par une croissance de la flotte estimée à plus de 1800 appareils commerciaux sur 10 ans, sous réserve d'une volatilité du cours du carburant restant à des niveaux convenables. Les dépenses de MRO devraient ainsi atteindre les 26,8 milliards de dollars (à dollar constant) à l'horizon 2029, contre 21 milliards aujourd'hui. Évidemment ce type d'analyse repose sur une savante recette mêlant perspective macroéconomique, estimation du transport aérien, besoins des opérateurs et prédictions des coûts de la maintenance induite. Elles sont donc aussi soumises aux préoccupations environnementales grandissantes vis-à-vis du transport aérien, un secteur qui peine toujours à convaincre un public acquis à Greta Thunberg ou à des mouvements d'activistes comme Extinction Rebellion.
L'environnement s'est invité à MRO Europe et c'est peut-être là aussi une nouvelle tendance de fond.
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