Pour ATR, la crise est derrière. L'avionneur franco-italien annonce que 2023 sera placée sous le signe de la croissance et que ses forces sont désormais engagées dans la restauration des cadences de livraison d'avant covid. L'ambition est forte : il vise plus de quarante livraisons en 2023 et le double d'ici la fin de la décennie.
Avant la crise, ATR livrait plus de soixante appareils chaque année. En 2020, l'activité s'est toutefois arrêtée pour lui aussi et seuls dix appareils avait pu être remis à leurs clients, puis 31 en 2021. 2022 a de nouveau été une année difficile sur ce plan puisque vingt-cinq appareils neufs ont été livrés, auxquels s'ajoutent onze avions d'occasion. Mais cette page a vocation à être tournée.
L'avionneur prévoit en effet de livrer plus de quarante appareils en 2023 et de recevoir un niveau de commandes équivalent puisqu'il vise un book to bill supérieur à un. Et ce n'est qu'un début puisque l'accélération des cadences de production devrait se poursuivre les années suivantes, avec l'objectif de pouvoir livrer 80 appareils par an d'ici la fin de la décennie.
ATR sait que cela ne sera pas facile. Le secteur fait face en effet à des difficultés de recrutement qu'il espère surmonter grâce à l'appui de ses deux maisons mères Airbus et Leonardo. L'avionneur a également des atouts à mettre en avant, comme l'empreinte environnementale réduite de l'ATR, un argument exposé depuis longtemps mais qui peut trouver un écho élargi aujourd'hui face aux préoccupations environnementales grandissantes des jeunes générations, tout comme auprès des compagnies qui souhaitent montrer qu'elles agissent en faveur de la décarbonation et réduire leur facture carburant. ATR met aussi en avant l'impact que chaque individu peut avoir au sein de l'entreprise, au vu de sa taille. Ainsi, 150 recrutements sont prévus en 2023, ce qui permettrait un retour quasiment à un niveau pré-covid des effectifs.
L'autre difficulté à surmonter est liée aux perturbations dans chaîne d'approvisionnement et aux pénuries de matières premières. Les montées en cadence devront donc se faire progressivement, afin de limiter les perturbations.
L'objectif d'atteindre 80 livraisons par an dans la seconde moitié de la décennie peut paraître très ambitieux - il est au-dessus des livraisons pré-crise - mais ATR est convaincu que le marché est prêt à absorber cette offre. L'avionneur compte 160 appareils dans son carnet de commandes actuellement mais anticipe un besoin de près de 2 500 biturbopropulseurs sur vingt ans, dont 1 500 pour remplacer des appareils en service, et les concurrents ne se bousculent pas (encore).
A plus court terme, dès cette année, la demande pour ses appareils devrait repartir à la hausse. L'avionneur explique en effet que nombre de ses clients sont basés en Asie et que le continent a été le dernier à lever les restrictions de voyage. Maintenant qu'elles ont même été levées en Chine, les voyages devraient connaître une nouvelle vigueur dans la région Pacifique, ce qui mènera à une augmentation de l'utilisation de la flotte d'ATR, la création de nouveaux besoins et un retour du dynamisme des ventes.
En parallèle, ATR continue de travailler à l'amélioration de son offre, avec l'intégration du nouveau moteur PW127XT de Pratt & Whitney Canada, le développement de l'ATR 42-600S (STOL, à décollage et atterrissage courts) et le lancement d'une étude de faisabilité pour une nouvelle génération d'appareils, pour le moment baptisé EVO.
Emilie Drab
Rédactrice en chef adjointe Aviation civile, Transport aérien