En ce début de saison des Red Bull Air Races, nous vous proposons une interview croisée exclusive de Mikaël Brageot, dont c'est la première saison en Master, et de Mélanie Astles qui, pour sa deuxième saison en Challenger, s'offre le podium dès la première course à Abu Dhabi.
Comment s'est déroulée la préparation pour cette nouvelle saison ?
Mikaël Brageot : Nous avons réalisé une très bonne préparation. Nous avons disposé d'un mois et demi pour refaire une beauté au MXS-R mais aussi et surtout une révision moteur complète et un bon rodage. Nous avons eu pas mal de temps pour faire des essais en vol et, comme nous étions dans un bon timing, nous en avons profité pour faire des séances photos et vidéos avant de démonter l'avion pour Abu Dhabi. En ce qui me concerne, j'ai peaufiné ma préparation physique et mentale. Ensuite, j'ai travaillé avec chaque membre de mon équipe pour que tout soit parfaitement en place et que nous puissions aborder la saison de la façon la plus sereine possible. J'ai souhaité que rien ne soit négligé jusqu'aux tenues vestimentaires de l'équipe. La gestion de l'administration, de la logistique du team, tout est interdépendant ; je tenais à ce que tout soit extrêmement professionnel.
Mélanie Astles : Pour moi, les choses ont totalement changé depuis que mon partenaire BMW m'a permis d'investir dans un avion (Extra 330). J'ai enfin pu m'entraîner dans de bonnes conditions. Je ne vais rien vous apprendre en vous disant que ça change tout ! En plus de ces heures de vols, j'ai beaucoup travaillé sur la visualisation. Le but est de se projeter aux commandes de l'avion et de visualiser le « track » de façon extrêmement précise. Côté préparation physique, j'ai privilégié l'endurance fondamentale avec de longues séances de VTT et de course sur longue distance. Cela me permet de gagner en résistance et de moins ressentir la fatigue face aux sollicitations. Je travaille aussi ma musculation dorsale, mais il y a encore du boulot. En ce qui concerne cette période de l'entre saison, j'ai aussi eu la chance d'être pas mal sollicitée d'un point de vue médiatique et il a fallu gérer.
Abu Dhabi est la première course de la saison. Comment s'est passé le retour en compétition ?
MB : Techniquement je n'ai rien découvert, mais je tenais absolument à faire de cette première échéance une validation rigoureuse du travail effectué depuis plusieurs années déjà. Je voulais que l'équipe soit au maximum d'entrée. Ça prend du temps mais le jeu en vaut la chandelle. Comme j'étais le rookie, j'ai ouvert les tracks mais comme l'an dernier en fait. Ma priorité était de montrer notre approche très professionnelle. Nous avons sérieusement analysé les données de vol, et je me suis attaché à faire un run très propre, sans erreur. Maintenant que nous avons validé la façon de procéder, nous allons pouvoir vraiment pousser pour confirmer la progression. Sur cette course, j'avais évidemment un peu de retenue. Maintenant je vais pouvoir vraiment rentrer dans le vif du sujet dès la prochaine à San Diego. L'enjeu sera de tirer sur les facteurs de charge sans dépasser la limite.
MA : Etre présente à Abu Dhabi pour la deuxième fois, cela permet évidemment de retrouver très vite ses repères. Déjà, on élimine le stress de la nouveauté. J'ai vraiment voulu aborder cette course avec un maximum de sérénité. J'étais très heureuse de revenir et de retrouver tout le monde en fait. Voler sur ce circuit est une expérience exceptionnelle. J'ai également appris à mieux gérer mon temps pour la partie relation avec les médias. C'est essentiel. Côté course, c'est tout simplement la plus belle que j'ai faite à ce jour. J'étais bien et fière de ma progression. Mon objectif était de faire un run sans pénalité, sans pression sur la vitesse à proprement parler. Je constate en revanche que le niveau est beaucoup plus élevé que l'an passé. Je suis contente de voir grâce aux logiciels que mes statistiques me positionnent 3e sur l'ensemble des vols. C'est d'autant plus gratifiant que je n'avais pas couru ici l'an passé. Ce circuit me convient bien. Il faut que je travaille les manoeuvres verticales qui sont pour le moment les endroits où je perds le plus de temps.
La prochaine course se déroulera à San Diego (USA) les 15 et 16 avril prochains, quel est votre programme avant de traverser l'Atlantique ?
MB : Je vais principalement m'entraîner pour les futures compétitions de voltige. Je vais me préparer pour le championnat de France et le championnat du Monde avec l'Extra 330. Nous avons également des entraînements Red Bull prévus en Autriche. Et j'ai bien entendu des « routines » que j'utilise depuis de nombreuses années et que je garde précieusement en termes de préparation physique et mentale, sans compter la gestion de l'administration et de la logistique du team.
MA : J'ai beaucoup de travail avec mon nouvel avion. L'Extra 330 aux couleurs de BMW n'attend que ça ! Il faut que je m'entraîne pour les différents championnats où j'ai à coeur de représenter la France au mieux. Je ne serai pas en course à San Diego et me consacrerai exclusivement aux « vols médias », donc ça me laisse pas mal de temps pour peaufiner les programmes de voltige. Je vais travailler durant les stages de l'équipe de France aussi bien sûr, et puis, nouveauté, je vais préparer un programme pour différents meetings où j'aurai la joie d'évoluer. Je veux créer un programme qui soit le reflet de ma sensibilité pour un show aérien à mon image.
Que peut-on vous souhaiter ? Quels sont vos objectifs pour cette saison ?
MB : Je veux obtenir les titres de champion de France et de champion du monde et une médaille d'or par équipe. Pour ce qui est des Red Bull Air Races, je convoite un podium le plus vite possible car dorénavant mon équipe et moi savons comment gagner.
MA : Je voudrais remporter le trophée ou en tout cas être dans le top 3 des Red Bull Air Races. Gagner de la confiance et monter un team avec mes partenaires pour postuler en Master class. En attendant, je vais prendre en main mon nouvel avion avec l'objectif de représenter la France au championnat du monde. Je ne sais pas encore si je serai opérationnelle pour des questions de timing. Nous verrons avec le staff de l'équipe de France.
Avez-vous un message l'un pour l'autre ?
MB : Je peux dire à Mélanie que c'est un bon point de commencer la saison par un podium. C'est parfait de commencer comme ça, on connaît ainsi les solutions qui permettent de réussir. C'est un bon présage pour la saison 2017.
MA : Déjà l'avion de Mika est magnifique ! Il m'a impressionnée par son entrée dans les Masters. Il peut être fier du travail accompli, il a une belle équipe et je le vois bien sur le podium très vite.