Le Livre blanc édition 2013 est riche en chiffres : Capacité de projection, équipements, réduction de personnels… Ceux-ci doivent être comparés aux précédentes données du Livre blanc de 2008, afin de pouvoir prendre la pleine mesure des changements opérés et des nouvelles stratégies industrielles qui émergent.
Du côté du budget, celui-ci est fixé à 31,4 milliards d’euros pour 2014, conformément à la déclaration du président de la République François Hollande du 28 mars dernier lors de son intervention télévisée. L’effort budgétaire sera de 179 milliards d’euros (2013) entre 2014 et 2019 et 364 milliards d’euros entre 2014 et 2025, ce qui représente 13 milliards de moins que ce qui était annoncé dans le Livre blanc de 2008 (377 milliards d’euros).
Les efforts de restructuration se poursuivent, avec une réduction des effectifs de 34 000 postes entre 2014 et 2019. Un gros effort consenti par le ministère de la Défense, que le précédent Livre blanc avait exhorté à supprimer 55 000 postes entre 2009 et 2015. L’effectif de la Défense, selon le Projet de loi de Finances de 2013 devrait être de 285 253 personnels, dont 218 544 militaires et 66 709 civils.
La force de projection des militaires et du matériel va se répartir comme suit :
– Pour une opération de coercition majeure, ce sont 15 000 militaires, un porte-avions, deux BPC, des frégates, un SNA et jusqu’à 45 avions de chasse qui seront projetés sur le théâtre d’opérations. Le nombre de militaires déployés est réduit de 50% par rapport à 2008, lorsque le Livre blanc prévoyait une force terrestre projetable de 30 000 militaires.
– Pour des opérations de gestion de crise, ce sont de 6 000 à 7 000 militaires des forces terrestres, une frégate, un groupe BPC, un SNA et 12 avions de chasse qui pourront être déployés. « On pourrait faire deux fois le Mali » a déclaré le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian le 29 avril lors de la présentation du Livre blanc aux forces armées, même si cette affirmation doit être tempérée, tant les moyens de transport et de ravitaillement font défaut dans l’opération Serval.
En parallèle, une force interarmées de réaction immédiate de 2 300 militaires, projetable à 3 000 kilomètres dans un délai de sept jours est prévue par le Livre blanc, afin de « garantir la capacité de réaction autonome aux crises », avec un échelon national d’urgence de 5 000 militaires en alerte.
Du côté des équipements, les réductions se font sentir dans les trois armées.
Le parc des avions de chasse va être fortement réduit, passant de 300 avions (chiffre annoncé en 2008) à 225, armée de l’air et marine confondues. Les Rafale et les Mirage 2000 modernisés devront assurer l’ensemble des missions de protection, de police du ciel, de dissuasion et d’attaque.
– L’armée de l’air devrait être composée d’une cinquantaine d’avions de transport tactique ; 7 AWACS ; 12 MRTT ; 12 drones de surveillance ; 8 systèmes sol-air de moyenne portée. Jean-Yves Le Drian avait annoncé une commande de 14 A330 MRTT pour 2013 en octobre 2012, conformément au chiffre de 14 ravitailleurs annoncé en 2008, ce seront donc deux ravitailleurs de moins que prévu. Du côté des avions de transport tactique, le chiffre est fixé à 50 au lieu de 70 en 2008, et la France ne devrait finalement pas recevoir les 50 A400M initiaux. Les avions type AWACS passent de quatre en 2008 à sept en 2013, notamment en raison de la priorité accordée au renseignement.
– La marine nationale garde ses 4 SNLE et ses 6 SNA, mais perd trois frégates, passant de 18 en 2008 à 15 en 2013. La commande de FREMM serait donc réduite à 8 bâtiments au lieu des 11 initiaux. Le porte-avions n’est pas remis en cause, mais le projet de PA2 semble définitivement enterré. Le projet de quatrième BPC est visiblement lui aussi abandonné, le Livre blanc ne prévoyant que trois de ces bâtiments « couteaux suisses », capables d’emporter des hélicoptères, des chars et des moyens amphibies. Une quinzaine de patrouilleurs et six frégates de surveillance, ainsi que des avions de patrouille maritime complètent le dispositif naval.
– L’armée de terre ne disposera plus que de 66 000 militaires projetables, contre 88 000 en 2008. Une brigade interarmes est supprimée, ce sont donc sept brigades interarmes qui seront opérationnelles. Le Livre blanc prévoit également la suppression de 50 chars lourds passant de 250 à 200. Quinze hélicoptères de manœuvres passent également à la trappe, l’armée de terre ne disposera que de 115 de ces appareils, contre 130 prévus en 2008. Cent-quarante hélicoptères de reconnaissance et d’attaque sont prévus par le Livre blanc de 2013, ainsi qu’une trentaine de drones tactiques.