Le missilier européen MBDA a communiqué ce mardi 19 mars les chiffres de ses résultats financiers, mais a surtout mis l’accent sur ses stratégies futures, dans un contexte économique peu rassurant et une baisse généralisée des dépenses de Défense en Europe.
« Une année exceptionnelle sur le plan opérationnel, plus contrastée sur les prises de commandes », c’est ainsi que le CEO de MBDA Antoine Bouvier a présenté les résultats pour l’année 2012. Les succès de développement des programmes comme le missile de croisière naval (MdCN), le Meteor, le PARS 3 LR et les performances de la famille des missiles Aster viennent appuyer la première partie de la phrase d’Antoine Bouvier. En ce qui concerne les finances, le chiffre d’affaires se monte à 3 milliards d’euros, similaire à 2011. Les prises de commandes s’élèvent elles à 2,3 milliards d’euros, en baisse par rapport aux 2,6 milliards d’euros de l’année 2011. Le carnet de commandes représente quant à lui 9,8 milliards d’euros, également en baisse (10,5 milliards en 2011).
Pour l’année 2013, MBDA projette un chiffre d’affaires comparable à 2012, ainsi que de prises de commandes au moins équivalentes au CA, soit de l’ordre de 3 milliards d’euros.
2013 devrait être une année « déterminante », une année « charnière » pour MBDA, qui souhaite concrétiser certaines campagnes en cours à l’export, mais qui est également en attente par rapport aux décisions qui vont être prises en matière de budget de Défense en France et en Europe. A cet égard, Antoine Bouvier martèle que la coopération à l’échelle européenne est « plus que jamais nécessaire » et qu’elle n’est pas une fatalité, « bien au contraire ». Ce qui devrait être encore plus difficile à gérer, selon le CEO du missilier, ce sont les écarts de croissance du budget de Défense entre l’Europe et le reste du monde, d’autant que la concurrence sur le marché export est de plus en plus vive.
MBDA se fixe trois objectifs, dans la continuité des années précédentes : 1. Le maintien du niveau de performance opérationnelle ; 2. La concrétisation de plusieurs grandes négociations à l’export (en particulier en Inde) ; 3. La mise en place d’un nouveau modèle industriel pour répondre notamment aux objectifs du Livre Blanc.
Antoine Bouvier a également abordé la question des programmes non-confirmés par la France, qui ont contrasté le bilan au niveau national pour l’année 2012. Sont entre autres visés les programmes MMP (missile moyenne portée) et ANL (missile anti-navire léger – développé avec la Grande-Bretagne), qui sont désormais des objectifs majeurs à court terme. MBDA a d’ailleurs poursuivi le travail de développement de ces programmes, malgré l’absence de confirmation des contrats. A la question de savoir ce qu’il adviendra de ces missiles si jamais il n’y avait pas de commande, Antoine Bouvier a lancé un message d’alerte, déclarant que même le meilleur des scénarii aurait des conséquences significatives, notamment en termes d’emploi. Le missilier croit pourtant au potentiel d’exportation « énorme » de ces programmes.
Concernant plus particulièrement l’ANL – qui doit équiper des hélicoptères maritimes français et britanniques – Antoine Bouvier a rappelé que le programme devenait urgent et absolument nécessaire pour la Grande-Bretagne, qui va devoir prolonger la durée de vie de ses actuels Sea Skua, pour éviter un vide capacitaire. La décision de la France sur ce sujet devrait être prise bientôt.