Le ciel européen commence à se repeupler. Après cinq jours sans vol dans une grande moitié nord du continent, les ministres européens ont autorisé les compagnies aériennes à reprendre leurs opérations, avec certaines restrictions selon qu’elles se trouvent en zone d’interdiction, de précaution ou de ciel ouvert. Selon Eurocontrol, 50% des vols prévus le 20 avril seront assurés. Mais le soulagement sera peut-être de courte durée : l’éruption de l’Eyjafjöll faiblit mais se poursuit et un nouveau nuage de cendres se dirige vers l’Europe.
Son approche a déjà remis en question le programme de vols de British Airways. La compagnie britannique avait prévu le 19 avril de reprendre ses opérations long-courrier à partir de 16h (18h à l’heure de Paris) et court-courrier à partir de 19h (21h à l’heure de Paris). Elle a annoncé le 20 avril que ses vols court-courriers étaient de nouveau suspendus pour la journée et que les long-courriers ne seraient maintenus que si l’espace aérien britannique restait ouvert de façon totale et durable. Ils sont donc plutôt compromis : la direction du contrôle aérien britannique (NATS) a décidé de fermer l’espace aérien au-dessous de 20 000 pieds jusqu’à 18h. En revanche, les aéroports écossais fonctionnent.
La France, dont la partie située au nord d’une ligne Nantes – Nice est considérée en zone de précaution. Selon Météo France, elle devrait être épargnée par le nouveau nuage de cendres mais Hervé Novelli, secrétaire d’Etat au Tourisme, a déclaré ce matin que l’espace aérien serait refermé sans hésitation s’il menaçait le trafic. Celui-ci a progressivement repris depuis 8h et les compagnies françaises vont tenter d’assurer 75% de leurs vols long-courriers au départ de Paris, selon le ministre de l’Ecologie et des Transports Jean-Louis Borloo. Des couloirs aériens ont été établis entre la capitale et les aéroports du sud du pays mais seulement 25% des vols domestiques pourront être effectués.
Air France a notamment indiqué que seules les opérations de la Navette (vers Marseille, Nice, Bordeaux et Toulouse) et celles vers la Corse seraient assurées au départ d’Orly. Les liaisons domestiques au départ de Roissy devraient être normales. Certaines, réalisées par Regional au départ de province, avaient repris dès le 19 avril. Le trafic vers l’Europe n’a en revanche rouvert qu’à midi. Enfin, le programme de vols long-courriers sera opéré normalement.
Lufthansa a elle aussi repris ses opérations long-courriers et une partie de celles sur son réseau domestique et européen. Profitant d’une procédure spéciale mise en place par le gouvernement, une dizaine de compagnies du pays a pu réaliser des vols de rapatriement « à vue et sous contrôle » dès le 19 avril.
Plusieurs vols d’essais ne révèlent aucune anomalie
Malgré les critiques des compagnies aériennes emmenées par le Président de l’IATA sur la gestion de la crise, le gouvernement français n’a cessé de répéter que l’application du principe de précaution était justifiée et qu’il n’y avait pas eu d’abus : « Je considère qu’on a eu raison de prendre ces mesures de sécurité civile. », a déclaré Jean-Louis Borloo. Cependant, face aux incertitudes concernant le modèle de dispersion des cendres volcaniques au-dessus de l’Europe, à la promesse bien réelle de millions d’euros de pertes occasionnées par la fermeture de l’espace aérien et à l’immobilisme des autorités en matière d’analyse de la situation, plusieurs compagnies ont pris les devants dès le week-end et ont effectué des vols-tests pour évaluer les risques d’opérer dans les conditions actuelles. Parmi elles se trouvent Lufthansa, Air Berlin, Air France, KLM et British Airways, avec différents types d’appareils. Leur inspection n’a présenté aucune anomalie.
Airbus a réalisé le même type d’essais le 19 avril avec un A380 et un A340-600, impliquant enfin avionneurs et motoristes dans l’évaluation des conditions de sécurité du trafic aérien. Le constructeur européen a annoncé le 20 avril n’avoir détecté aucune anomalie sur ses appareils. Il a transmis ses mesures aux motoristes, respectivement Engine Alliance et Rolls-Royce, et aux autorités pour qu’ils puissent participer.