Pour son « Portrait-métier » du mois de juillet, Le Journal de l’Aviation a rencontré Jean-Luc Chatel, forgeron chez Snecma à Gennevilliers (92), à bord de « L’avion des Métiers » du GIFAS sur le dernier Salon du Bourget (17 – 23 juin 2013). Portrait.
De boucher, Jean-Luc Chatel est devenu forgeron dans l’industrie aéronautique. En 1984, il rejoint l’usine de Snecma à Gennevilliers (92), spécialisée dans la forge, la fonderie et l’usinage de pièces aéronautiques, en tant que tireur de pilon. « C’est mon beau-père, le père de ma femme, qui travaillait à l’époque comme forgeron chez Snecma qui m’a parlé de cette opportunité d’embauche », se rappelle Jean-Luc Chatel. Pour rentrer à la Snecma, il n’a pas eu besoin de présenter un diplôme. Jean-Luc Chatel a été formé sur le tas. « À l’époque, Snecma recrutait énormément, car confrontée à une importante vague de départs à la retraite », continue-t-il.
Après quelques années, Jean-Luc Chatel devient surveillant de température, « une étape avant l’usinage des pièces forgées », précise-t-il. Aujourd’hui compagnon, Jean-Luc Chatel dirige une équipe de 5 personnes depuis 6 ans. Il changerait son poste contre aucun autre malgré ses nombreuses possibilités d’évolution vers notamment une position de chef d’équipe. « Le travail dans les bureaux ça ne m’intéresse pas. Je préfère la pratique, être dans l’atelier et manipuler les pièces », explique-t-il.
Cela fait presque 30 ans que Jean-Luc Chatel travaille chez Snecma. Sa mission actuelle consiste à mettre en forme, à l’aide d’une presse de 4 000 tonnes, des pièces brutes pour disques de turbine, tambours et carters en alliage à base notamment de nickel et de titane. Ces pièces sont destinées aux moteurs produits par Safran (maison-mère de Snecma) : la famille de moteurs CFM56 (A320 et 737NG), le Leap (A320neo, 737 MAX, C919), le CF6-80 (A330, 747-400), le GE90 (777) ou encore le GP7200 (A380). Jean-Luc Chatel a travaillé sur tous les moteurs sur lesquels Snecma est présent depuis son arrivée en 1984.
À la question : « Est-ce que votre poste peut être occupé par une femme ? », Jean-Luc Chatel répond de suite que non, car « il s’agit d’un travail très difficile, très physique, bruyant et trop salissant ». Au sein des trois équipes de forge chez Snecma à Gennevilliers, aucune femme n’y travaille. Si Jean-Luc Chatel déconseille aux jeunes filles de s’orienter vers la forge, il encourage toutefois les garçons à s’orienter vers ce « beau métier qui demande de la passion ». « Il ne faut pas avoir peur du bruit et de la chaleur », prévient-il cependant.
À ce jour, Snecma Gennevilliers emploie plus de 1 400 personnes sur 156 000 m² d’ateliers, de bureaux et de locaux techniques.