Airbus veut repartir à zéro. Le constructeur européen a présenté sa nouvelle organisation à son Comité Central Européen et au Comité d’Entreprise français le 6 juin. Son but : faire table rase des querelles nationales pour établir une entreprise intégrée, rationalisée donc plus productive. La gestion site par site n’est plus qu’histoire ancienne et va faire place à quatre structures transnationales, à partir du mois de septembre : « Engineering », « Operations », « Programmes » et « Procurement ». Les représentants nationaux n’auront plus qu’une fonction sociale, fiscale et en aucun cas opérationnelle.
Lors de cette réunion, Louis Gallois a confirmé ce qu’il avait déjà annoncé lors de la présentation du plan « Power 8 » le 28 février : les centres d’excellence ne seront plus que quatre et seront placés sous la direction de Gerald Weber, dans la division « Operations ». Ils sont huit aujourd’hui, trois en Allemagne, trois en France, un au Royaume-Uni, un en Espagne, et organisés sur une base nationale.
Les quatre centres d’excellence qui vont être créés seront transnationaux et basés sur les éléments d’avion. L’un sera spécialisé en « fuselage et cabine », un autre en « aile et pylône », le troisième en « fuselage arrière et empennage » et le dernier en « aérostructures ». La transnationalité sera effective dans la mesure où ils gèreront les activités de sites situés dans les différents pays du groupe EADS. Par exemple, le centre d’excellence « fuselage et cabine » sera chargé d’une partie des activités de Toulouse, Hambourg, Brême, Saint-Nazaire (Gron) et Buxtehude.
C’est également à la division « Operations » qu’il reviendra de superviser les processus industriels, c’est-à-dire de choisir les outils, méthodes et pratiques à mettre en œuvre dans la production. Ceci a pour but de créer des synergies, de baisser les coûts et d’éviter le genre d’aberrations qui ont en partie entraîné les retards de l’A380, comme la différence des versions des logiciels utilisés par les sites qui ont provoqué des décalages dans les mesures de câblage.
Restructuration et mécontentement social
La division « Programmes » sera chargée des contacts non commerciaux avec les clients, c’est-à-dire par exemple de définir avec eux de l’aménagement des cabines des appareils. Elle sera donc notamment responsable des chaînes d’assemblage final. La partie « Engineering », qui existe déjà, regroupe les bureaux d’études, l’architecture et l’intégration de l’appareil et tout ce qui touche à sa certification.
Enfin, le « Procurement » s’occupera des achats de toute l’entreprise Airbus. Le but est de réduire le nombre de fournisseurs et d’avoir un meilleur contrôle sur les dépenses en confiant à une seule entité le soin d’acquérir les matériaux dont l’entreprise a besoin plutôt que chaque site passe ses propres commandes d’approvisionnement.
Mais les nationalismes vont être difficiles à surmonter. Les syndicats ont affirmé que rien n’avait changé dans cette partie du plan « Power 8 » depuis le mois de février et que la réorganisation restait injuste. Ainsi, le syndicat Force Ouvrière estime qu’Airbus France va en ressortir exsangue car le pays regroupe principalement les sites chargés des aérostructures, dont l’écrasante majorité va être cédée. En revanche, l’activité principale (fuselage et cabine) sera surtout concentrée en Allemagne. Après les débrayages des salariés hier, d’autres arrêts de travail pourraient donc bien menacer le constructeur.