Alors que les activités Défense d’Airbus Group affichent une relative bonne santé financière, avec un CA de 12,1 milliards d’euros, le CEO Tom Enders s’est montré très prudent, pour ne pas dire inquiet, quant au futur de l’Eurofighter. A la question de savoir comment il envisageait l’avenir de l’avion de combat, le PDG a été direct : « Je ne suis pas terriblement optimiste pour le futur de l’Eurofighter. Nous allons peut-être encore gagner l’un ou l’autre contrat à l’export, mais nous devons nous préparer à des scenarii d’annulation, de réduction de la production », à une échéance plus proche que prévue.
Thierry Baril, DRH d’Airbus Group, a quant à lui expliqué que l’impact sur le site de Manching était d’ores et déjà connu pour les trois prochaines années, à savoir une réduction de 25% des effectifs, objet du plan de restructuration. « Nous avons toujours précisé que nous étions en anticipation. Nous savons que l’Europe nous apportera moins d’activité [dans le domaine de la Défense], c’est pourquoi notre avenir est à l’international » a-t-il précisé, ajoutant que le groupe devait « gagner en compétitivité », dans l’optique de potentiellement apporter des charges d’activités nouvelles en Europe du fait de l’export.
De son côté, le directeur de la stratégie Marwan Lahoud s’est voulu rassurant, en parlant d’une « activité Eurofighter très solide », ne serait-ce que pour livrer les contrats domestiques et ceux déjà conclus à l’export, pour l’Arabie Saoudite et le sultanat d’Oman. La perspective « après-Eurofighter » semble encore assez éloignée, car le groupe table malgré tout sur quelques prospects à l’étranger, le consortium étant notamment en lice pour un contrat aux Émirats Arabes Unis.
Concernant le paiement de compensations de l’Allemagne suite à une annulation de commande de 37 appareils – information relayée par les médias allemands depuis une semaine – Tom Enders a botté en touche. Il s’est refusé à toute spéculation sur les développements futurs, assurant que les discussions étaient « normales » après la prise de fonction de la nouvelle ministre allemande de la Défense Ursula von der Leyen. « Business as usual » en somme, il n’y aurait pas de quoi « s’exciter » outre mesure. Motus et bouche cousue donc.