L’escadron d’hélicoptères (EH) 1/67 « Pyrénées », stationné sur la BA 120 de Cazaux possède une capacité « unique en Europe », la particularité de pouvoir ravitailler ses EC725 Caracal en vol. Dix pilotes sont actuellement qualifiés au sein de l’escadron pour les opérations de ravitaillement en vol avec des C-130, cinq ans après le lancement des expérimentations en vol, huit ans après la mise en service opérationnelle du Caracal.
Des expérimentations qui ont été menées depuis 2008 au sein de l’armée de l’air à l’aide de C-130J de la 46ème brigade de transport italienne. « Nous travaillons avec des avions italiens, car nous n’avons malheureusement pas les bons vecteurs en France. Les C-135 sont des avions à réaction, donc beaucoup trop rapides pour les ravitaillements en vol et les C-130 que nous possédons ne sont pas équipés de kits de ravitaillement », explique le lieutenant-colonel Gilles Malbos, commandant l’EH 1/67.
Après deux années d’interruption entre 2008 et 2010 pour des raisons opérationnelles, les campagnes d’essais ont repris, au rythme d’une par an, toujours avec les C-130 italiens. Pour la campagne 2013, qui s’est tenue en avril au large de Cazaux, le « Pyrénées » a même réussi à aligner deux Caracal simultanément derrière le C-130, « c’est la première fois qu’on faisait des connexions simultanées », déclare le commandant de l’EH 1/67. L’escadron a récemment ajouté une compétence supplémentaire à son panel : le ravitaillement en vol à partir d’un HC-130P de l’US Air Force. Cette opération s’est déroulée le 16 décembre dernier au large des côtes djiboutiennes. « Dans le cadre du déploiement du porte-avions Charles de Gaulle [en mission Bois Belleau, NDLR], nos gens ont fait escale à Djibouti et ont testé le ravitaillement avec des HC-130P américains », détaille le LCL Malbos. Deux hélicoptères EC725 Caracal et des membres du CPA 30 ont ainsi pu s’entraîner avec des partenaires américains, une grande première.
Une future étape consistera à utiliser les capacités de ravitailleur de l’A400M, afin de pouvoir disposer de moyens « franco-français » pour le ravitaillement en vol des hélicoptères et d’être ainsi totalement autonome. Le commandant de l’EH 1/67 « espère demain pouvoir l’utiliser pour faire du ravitaillement en vol ». Le projet est évoqué, mais les essais en vol ne sont pas encore à l’ordre du jour. Du côté de la DGA, on évoque le sujet, tout en restant très vague quant à des délais ou à un planning précis. La possibilité existe et les technologies le permettent, mais il faudra encore attendre avant de voir un A400M ravitailler un Caracal.
Cette spécialité de l’EH 1/67 lui confère deux avantages certains : la capacité de projection longue et une réactivité accrue, comme l’illustre le LCL Malbos : « Prenons l’exemple du Liban, pour se mettre en place là-bas, on a fait deux ravitaillements successifs, en Italie et en Grèce. Vous imaginez bien qu’on n’a pas forcément les accords diplomatiques pour se poser sur ces emprises. Il y a une notion de réactivité, il fallait qu’on aille le plus vite possible. On peut poursuivre jusqu’à onze heures de vol. C’est plus l’état de fatigue des pilotes qui entre en ligne de compte après, mais c’est possible. » Et la réactivité se traduit également par le fait d’être tout le temps prêt à intervenir, sur une large palette de missions, que ce soient des évacuations sanitaires, des récupérations de personnels ou des opérations de recherche et de sauvetage en zone de combat…
En plus de l’entraînement au ravitaillement en vol, l’EH 1/67 développe la coopération interarmées et interalliés. Actuellement, il accueille un pilote allemand, un pilote américain, un marin et un terrien. Des perspectives élargies et un échange de cultures et de pratiques qui permettent de « faciliter » le travail sur le terrain, susceptible de renforcer l’interopérabilité en cas d’OPEX.