« Nous avons la certitude que le pavillon français va droit dans le mur. » C’est ainsi que le SCARA, par la voix de son président Laurent Magnin, tente d’alerter l’Etat sur les effets dévastateurs des augmentations de taxes imposées à des compagnies aériennes françaises déjà mal en point.
Le SCARA rappelle en effet que la santé des transporteurs français s’est fortement dégradée depuis six ans. Jean-François Dominiak, vice-président du syndicat des compagnies aériennes autonomes, souligne que le « résultat d’exploitation est en état d’effondrement » et qu’en 2013, « les résultats vont être mauvais » de nouveau.
Etouffées par les impôts et les redevances, les compagnies ne trouvent pas d’investisseurs prêts à les aider à se redresser : « il y a une grande partie du marché qui ne croit plus aux compagnies aériennes françaises », assène Laurent Magnin. Les conséquences sur l’emploi sont déjà observables : « le mouvement est entamé de la diminution des emplois » par le gel des embauches et le non-remplacement des départs, même si la mise en place de plans sociaux plus lourds a généralement réussi à être évitée pour le moment.
« Il y a un problème majeur, c’est l’incompréhension du politique »
C’est dans ce contexte que l’Etat a annoncé plusieurs augmentations de taxes, qui vont fragiliser encore le pavillon français dès 2014. Ainsi, la hausse de la TVA, qui concerne les billets pour des vols domestiques (passagers et fret), de 7% à 10% devrait entraîner à elle seule un surcoût de 30 millions d’euros pour les compagnies du SCARA. A cela s’ajoutent l’augmentation de la surtaxe exceptionnelle de l’impôt sur les sociétés, qui va passer de 5% à 10,7%, et une revalorisation de 12,7% de la taxe Chirac.
Laurent Magnin explique les transporteurs français ne peuvent pas répercuter ces augmentations sur le prix du billet dans une activité aussi concurrentielle que le transport aérien et que chaque augmentation est donc un coup de rabot dans leurs marges.
Il déplore le fait que les compagnies soient face à des législateurs qui « ne nous écoutent pas, ne nous regardent pas, ne nous comprennent pas. »
Le SCARA face à Aéroports de Paris
Le syndicat est également très critique envers Aéroports de Paris et s’insurge contre le fait que la société ait augmenté ses redevances de 30% entre 2006 et 2013, alors que l’inflation était limitée à 11%. Le prochain contrat de régulation étant en négociation, le SCARA va tenter de faire pression pour inverser la tendance et obtenir une réduction de 5% des redevances. Une demande pas si exagérée selon Jean-François Dominiak, « sachant que le prix moyen des billets a diminué de 3% » en 2013 et alors que le prix du pétrole reste élevé.
Le SCARA a déjà plusieurs fois lancé l’alerte sans être entendu. Laurent Magnin rappelle que « la seule fois où [le gouvernement] a frémi, c’est quand il y a eu la lettre des salariés et des administrateurs Air France sur l’état réel du pavillon français. » Mais il ne renonce pas à faire entendre la voix du SCARA : « si ça commence à aller très mal, on verra des fissures dans le pavillon français et on verra à ce moment-là les pouvoirs publics commencer à s’agiter. Mais c’est ce qu’on veut éviter, qu’on n’en arrive pas au point où ce sont des dépôts de bilan, des plans sociaux massifs qui fassent réagir parce que cela voudra dire qu’ils sont en situation d’échec dans la perception de ce qu’aura été la difficulté et la souffrance du pavillon français. »