L’IATA veut remuer les gouvernements. Lors d’une intervention à Paris le 19 avril, Giovanni Bisignani, son Président, a mis en cause l’immobilisme des gouvernements européens dans la gestion des restrictions aériennes imposées à la suite de la dispersion du nuage de cendres volcaniques au-dessus du territoire européen. Il leur reproche quatre points.
No risk assessment. Giovanni Bisignani a mis en cause la fermeture totale des espaces aériens nationaux, arguant que la décision avait été prise sans réelle évaluation des risques. Assurant que la sécurité des vols était la préoccupation principale de l’association, il a regretté que le principe de précaution appliqué depuis la semaine dernière ne se soit à aucun moment basé sur des faits mais uniquement sur des estimations théoriques de dispersion des cendres.
No consultation. La décision de fermer l’espace aérien a à chaque fois été prise par les autorités de l’aviation civile. Jamais les compagnies aériennes n’ont été consultées. Or, selon elles, cela leur a fait manquer plusieurs occasions d’opérer en toute sécurité.
No coordination. Giovanni Bisignani a également déclaré qu’il était inadmissible que les ministres européens des transports aient eu besoin de cinq jours avant d’organiser une vidéoconférence sur le sujet. L’IATA estime que chaque jour sans voler implique une perte de revenu de 200 millions de dollars pour les compagnies aériennes, sans compter les frais supplémentaires occasionnés par le déroutage des opérations et l’assistance aux passagers.
Air France va ainsi faire partir sept vols long-courriers de province (de Toulouse et Pau) et en faire atterrir neuf autres (à Toulouse, Bordeaux, Pau, Nice et Marseille), tout en assurant l’acheminement des passagers par car jusqu’aux aéroports depuis Paris. La compagnie aérienne a également réservé des chambres d’hôtel et distribue des bons de restauration aux voyageurs en correspondance bloqués. Pour l’économie européenne, l’impact est évalué à plusieurs milliards de dollars.
No leadership. Giovanni Bisignani demande aux gouvernements de conduire leurs propres essais – les compagnies ont déjà commencé – et de se baser sur des faits réels pour autoriser une réouverture, même partielle, du ciel, avec des procédures opérationnelles adaptées à la situation. Elles pourraient consister en des procédures spéciales de montée et d’approche, une restriction aux vols de jours, l’ouverture de couloirs aériens spécifiques et des inspections boroscopiques plus fréquentes des moteurs.
Le président de l’IATA espère que ces décisions seront prises par Eurocontrol dès aujourd’hui. A plus long terme, il souhaite que l’ICAO, les avionneurs et les motoristes certifient le niveau de concentration maximale en cendres volcaniques dans lequel les appareils peuvent voler en toute sécurité.


