Alitalia a couché six noms potentiellement salvateurs sur une liste. Réuni le 8 octobre sous la présidence de son nouveau Président Mauricio Prato, le Conseil d’Administration de la compagnie italienne a cité les groupes qui ont manifesté un intérêt pour elle et auxquels elle accepterait de s’unir. Trois d’entre eux avaient déjà postulé au rachat avant que le processus n’avorte : AP Holdings, Aeroflot et le groupe Texas Pacific. Mais il y a trois nouveaux venus : Cordata Baldassarre, Lufthansa et… Air France KLM.
Cette déclaration ne signifie en aucun cas que les six groupes ont formulé une offre. Officiellement, ils ont uniquement manifesté un intérêt dans un rapprochement avec la compagnie italienne. C’est donc à partir d’aujourd’hui que les discussions approfondies sur les conditions d’une reprise vont commencer.
Plus que les dettes et les pertes opérationnelles d’Alitalia, ce sont en effet les conditions trop contraignantes, posées par le gouvernement italien lorsqu’il dirigeait le précédent processus de vente, qui l’ont fait échouer en juillet. Tous les candidats avaient fini par retirer leur offre face aux exigences du ministère de l’Economie et des Finances. Maurizio Prato, qui a endossé la responsabilité de la vente en même temps que sa fonction de Président, devrait se montrer plus flexible. Car les six groupes ne sont pas au comble de l’enthousiasme. Lufthansa a ainsi déclaré qu’elle n’était pas intéressée par le rachat d’Alitalia « dans les conditions actuelles ».
Même chose chez Air France KLM. Le groupe franco-néerlandais avait déjà fait savoir qu’il souhaitait jouer son rôle dans la consolidation du transport aérien en Europe et qu’il étudiait, entre autres, la possibilité de se rapprocher d’Alitalia. En revanche, il a martelé qu’une alliance avec la compagnie ne devra pas remettre en question ses objectifs financiers. Tout sauvetage est donc exclu.
Mais Maurizio Prato a déjà montré qu’il n’attendait pas qu’on vienne sauver sa compagnie de la faillite. Il a présenté un plan de redressement pour 2008-2010 prévoyant l’abandon du hub de Milan, le licenciement d’une partie du personnel et le remaniement de la flotte. Mais Alitalia va tout de même avoir besoin d’un partenaire solide pour reprendre les 49,9% de parts que le gouvernement détient encore et la faire aller de l’avant. « Comateuse », comme l’a lui-même qualifiée Maurizio Prato, elle devrait accuser 647 millions d’euros de déficit cette année et cumuler plus d’un milliard de dettes totales. Le plus grave : elle n’a plus assez de liquidités pour payer les 320 millions d’euros qu’elle doit à ses créanciers dans les deux prochaines années.