L’attitude du nouveau gouvernement travailliste au Royaume-Uni va faire pâlir d’envie le transport aérien français. Dans un discours prononcé devant des chefs d’entreprise le 29 janvier, la chancelière Rachel Reeves a annoncé qu’elle soutenait le projet de troisième piste à l’aéroport de Londres Heathrow. Le gouvernement compte procéder rapidement à la révision de l’ANSP (Airports National Policy Statement), qui permet la prise de décision concernant l’octroi d’un permis de construire pour cette infrastructure.
« J’ai toujours été convaincue que la construction d’une troisième piste à Heathrow permettrait de relancer la croissance, de stimuler les investissements, d’augmenter les exportations et de rendre le Royaume-Uni plus ouvert et plus connecté […]. Aujourd’hui, les arguments sont plus forts que jamais, car nos réformes économiques – comme l’accélération de notre système de planification et le renforcement de nos plans de modernisation de l’espace aérien britannique – signifient que la réalisation de ce projet est vouée au succès. Je peux donc confirmer aujourd’hui que le gouvernement soutient la construction d’une troisième piste à Heathrow et qu’il invite à présenter des propositions d’ici l’été », a-t-elle déclaré.
Le gouvernement estime que l’expansion des capacités d’Heathrow permettra de créer plus de 100 000 emplois directs dans la région de Londres et que 60 % de l’élan économique qu’elle insufflera sera ressenti par les régions situées en dehors de Londres et du Sud-Est.
Le projet de troisième piste à Heathrow est un serpent de mer qui avance puis s’arrête depuis des années au gré des gouvernements et des oppositions. Les politiques s’inquiètent en effet de l’impact environnemental de la construction de la structure puis de l’augmentation du nombre de vols. Un argument que Rachel Reeves a écarté en soutenant qu’une nouvelle piste permettrait d’éviter les placements en hippodrome, donc des émissions. Le gouvernement soutient par ailleurs la mise en place d’une industrie de production de carburants durables d’aviation (SAF), qui permettrait également de réduire l’impact environnemental des vols notamment dans le ciel de Londres.
Un soutien à l’industrie du transport aérien, qui dépasse Heathrow
En parallèle, la chancelière a indiqué que la secrétaire d’État aux transports devrait prochainement prendre des décisions sur les plans d’expansion des plateformes de Gatwick et de Luton. Elle étudie également le projet de rouvrir l’aéroport de Doncaster Sheffield et d’en faire une plateforme rentable.
Par ailleurs, le gouvernement a déjà approuvé l’augmentation du plafonnement des capacités d’accueil à l’aéroport de London City à 9 millions de passagers annuels (au lieu de 6,5 millions) sans augmenter le nombre de mouvements, ce qui ouvre la voie à l’exploitation d’appareils plus capacitaires sur la plateforme du centre de la capitale. Celle-ci vient d’ailleurs de déposer une demande auprès l’autorité de l’aviation civile (CAA) britannique pour permettre l’atterrissage de l’A320neo sur ses pistes. Enfin, un investissement de 1,1 milliard de livres sterling est prévu à l’aéroport de Stansted, pour agrandir son terminal.
« Après avoir assuré la stabilité des finances publiques et de l’économie au sens large, condition préalable à la croissance économique, le rythme des investissements et des réformes démontre la volonté du gouvernement d’assurer l’avenir du secteur aéronautique britannique de classe mondiale et la croissance durable qu’il peut apporter », explique ledit gouvernement. Il souligne que le fret aérien a représenté 57 % de la valeur des exportations britanniques hors UE en 2023, rendant ce secteur indispensable au développement économique du pays. Dans le même temps, les visiteurs étrangers représentent une injection de 31 milliards de livres dans l’économie. Enfin, 15 millions de voyageurs d’affaires utilisent l’aéroport d’Heathrow chaque année.
Appel à une réforme du contrôle aérien et de certaines réglementations
Le directeur général de Londres Heathrow s’est félicité du soutien officiel apporté par Rachel Reeves à Heathrow, et plus généralement au secteur du transport aérien britannique. « Il s’agit de la vision audacieuse et responsable dont le Royaume-Uni a besoin pour prospérer au XXIe siècle, et je remercie le gouvernement et le chancelier pour leur leadership. Cela nous a donné la confiance nécessaire pour confirmer notre soutien continu à l’expansion d’Heathrow », déclare-t-il.
Il confirme également que la filière a d’autres attentes. « Pour mener à bien le projet à un rythme soutenu, il faut changer de politique, notamment en ce qui concerne la modernisation nécessaire de l’espace aérien et la mise en place d’un modèle réglementaire adapté. Nous allons maintenant travailler avec le gouvernement sur la réforme attendue de la planification et aider les ministres à mettre en œuvre les changements qui nous permettront d’obtenir les permis de construire avant la fin de cette législature. »