Lorsqu’on recherche un exemple de hub moderne, efficace et intégré, opérant en symbiose avec sa compagnie nationale, ce n’est pas l’image de l’aéroport de Roissy qui vient immédiatement à l’esprit. Et c’est ce à quoi Air France-KLM et le Groupe ADP veulent remédier avec l’initiative « Connect France », lancée le 20 juin au cours du salon du Bourget, en présence du président de la République, Emmanuel Macron. L’idée est que les deux groupes travaillent en duo pour améliorer la compétitivité et le rayonnement international du hub d’Air France à Paris-Charles de Gaulle (CDG), et en faire un leader de la connectivité aérienne face aux hubs du Golfe et de Turquie.
Depuis plusieurs années, les acteurs du transport aérien français s’alarment de l’érosion inexorable du pavillon français, qui, rappelons-le, perd un point de part de marché chaque année et se trouve au-dessous de 38 % aujourd’hui (contre 54 % en 2004), selon la FNAM (Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers). En effet, la desserte du territoire français « passe progressivement aux mains d’acteurs extra européens bénéficiant d’un cadre réglementaire et fiscal plus attractif. Des hubs aux frontières de l’Europe détournent un trafic dont une partie transitait précédemment par les plateformes européennes, dans une forme de délocalisation silencieuse », mettent en garde les deux partenaires.
Après avoir tenté de lancer l’alerte, il était donc plus que temps de réagir. « Connect France » a une double vocation : mettre en place des actions concrètes et efficaces pour rendre son attractivité au hub de CDG et à la France, tout en continuant à porter le message que le transport aérien français a besoin du soutien de ses autorités et non de ses taxes.
« J’ai fait de cette démarche ma priorité dès le début de mon mandat. Connect France porte une méthode nouvelle dans la relation entre Groupe ADP et Air France-KLM au travers de réalisations concrètes et rapides que nous engageons pour la performance, la différenciation et la décarbonation du hub, au service des passagers », résume Philippe Pascal, président-directeur général du Groupe ADP.
Des actions communes mises en œuvre dès cette année
Comme il n’y a plus de temps à perdre, les deux partenaires vont commencer par s’attacher dès cet été à fluidifier les parcours des passagers en correspondance courte (moins d’une heure), en leur délivrant un pass qui leur permettra d’emprunter un cheminement adapté pour rejoindre leur salle d’embarquement.
D’ici la fin de l’année, ils présenteront également une offre de « stop-over », qui permettra aux passagers en correspondance de profiter d’une escale touristique de quelques heures ou quelques nuitées pour visiter Paris. L’idée est de profiter de l’attractivité naturelle de la capitale pour inciter les passagers à choisir d’effectuer leur correspondance à Paris plutôt que dans un pays voisin.
Afin d’améliorer l’expérience passager en aéroport et d’améliorer l’efficacité du hub, Air France et le Groupe ADP comptent augmenter la part des embarquements en passerelle, notamment pour les vols long-courrier et les correspondance – et éviter au maximum ce point absolument rebutant qu’est le transfert en bus entre l’aérogare et l’avion. Cela passera par une optimisation des opérations et le recours au double tractage – libération d’un poste avion le temps de la préparation d’un autre avion, pour ensuite le ramener au contact. Mais surtout, de nouveaux postes au contact seront créés, notamment au hall K du terminal 2E. L’objectif est d’obtenir le meilleur taux de contact d’Europe et du Moyen-Orient.
Par ailleurs, le hall K est appelé à devenir « le plus beau terminal du monde », en faisant la promotion du savoir-faire français aussi bien dans la zone commerciale qu’en salle d’embarquement ou dans les salons d’Air France. Les projets seront dévoilés en fin d’année pour lancer la première phase de travaux en 2026. Par ailleurs, pour un parcours plus lisible pour les passagers, les terminaux seront renommés en 2026.
Enfin, les deux groupes comptent soutenir conjointement les initiatives liées à la création d’une filière de carburant durable en France et en Europe. Ayant également des objectifs ambitieux de décarbonation, ils travailleront ensemble à l’électrification des opérations, au développement de l’utilisation de chaleur renouvelable, à la lutte anti-pollution et à l’adaptation des infrastructures au changement climatique.
Une question de souveraineté nationale
Avec ces initiatives, Air France-KLM et le groupe ADP comptent défendre la maîtrise de la connectivité de la France avec les centres économiques mondiaux.
« Le contexte impose un plus grand alignement stratégique entre tous les acteurs de l’écosystème du transport aérien en France, à la hauteur de l’enjeu. Avec Connect France, nous formalisons cette démarche absolument nécessaire pour mieux faire face à la concurrence d’acteurs extra européens qui ont de longue date pris la mesure de l’importance du transport aérien pour le rayonnement et l’économie d’une nation. Je me réjouis que cette initiative soit partagée avec l’Etat français. Elle se concentrera également sur l’amélioration du service rendu à nos clients, pour que la France se donne les moyens de rester une place forte de l’aviation, avec une connectivité renforcée, créatrice d’emploi local », déclare Benjamin Smith, directeur général d’Air France-KLM.
Il rappelle qu’Air France-KLM et le Groupe ADP représentent plus de 870 000 emplois directs, indirects et induits en France, Air France étant le premier employeur privé en Ile-de-France et 11% de la valeur des exportations de la France passe par l’aéroport Paris-Charles de Gaulle.