Quand Airbus s’affaisse, c’est tout EADS qui est entraîné. Le groupe européen a publié ses résultats annuels le 9 mars. Si le chiffre d’affaires enregistre une belle hausse, soutenue par toutes ses divisions, les bénéfices s’effondrent et perdent 94%, emportés par la filiale basée à Toulouse, déficitaire pour la première fois de son histoire. Eurocopter, EADS Astrium et EADS Defense & Security ont cependant connu une bonne année, parviennent à sauver les meubles et à maintenir le bilan dans le positif.
Le chiffre d’affaires d’EADS a atteint 39,4 milliards de dollars en 2006, et se trouve plus élevé de 15% par rapport à celui de 2005. En revanche, le résultat d’exploitation tombe de 2,8 milliards d’euros à 399 millions et le bénéfice net de 1,67 milliard d’euros à 99 millions. Cette chute vertigineuse est en partie due à la détérioration continue du dollar face à l’euro, qui fait diminuer les recettes, mais avant tout à Airbus et plus particulièrement aux impacts qu’ont eu les retards de l’A380, le lancement de l’A350XWB (Xtra Wide Body) et la poursuite du programme A400M.
Car le constructeur enregistre un résultat d’exploitation négatif de 572 millions d’euros. Les dépenses ont en effet augmenté de 2,5 milliards d’euros sur le seul programme A380 et de 500 millions d’euros sur celui de l’A350XWB. Le chantier sur lequel s’est engagé Power 8 semble donc colossal et surpasser de haut ce que le plan de restructuration peut réaliser d’assainissement et d’économies.
EADS s’attend d’ailleurs à ce que 2007 s’achève avec un résultat d’exploitation stable par rapport à celui de 2006 et une baisse du chiffre d’affaires occasionnée par la faiblesse du dollar. Airbus devrait conserver un résultat déficitaire en raison des coûts de restructuration, de ceux de l’A380 et de l’A350XWB, ainsi que de l’augmentation des dépenses de recherche et de développement.
Les succès de 2006
Paradoxalement, l’année a également plutôt bonne pour Airbus, l’avionneur ayant enregistré 790 commandes fermes, livré 434 appareils. Il a également lancé deux programmes, l’A350 et l’A330-200F, et reçu la certification de type de l’A380. Mais ce sont les autres divisions d’EADS qui s’en sont le mieux sorti cette fois.
Eurocopter poursuit sur la voie de la croissance. Le constructeur d’hélicoptères de Marignane a enregistré 615 commandes et livré 381 appareils, flirte avec les quatre milliards d’euros de chiffre d’affaires et les 257 millions de résultat opérationnel, malgré l’augmentation des dépenses sur le programme militaire du NH90. Le grand succès de l’année a été son renforcement sur le marché américain et notamment son assise sur le segment militaire avec l’hélicoptère utilitaire léger UH-72A Lakota.
La division espace a doublé son résultat opérationnel, profitant de l’efficacité du plan de restructuration mis en place et surtout d’une très bonne conjoncture. La production de fusées Ariane 5 est en effet en augmentation, ainsi que les services offerts par la filiale Paradigm, les activités autour des missiles balistiques et celle autour des satellites. EADS Astrium a reçu des commandes pour treize satellites, dont six de communication, deux de communication militaire et cinq scientifiques.
A la fin de l’année 2006, le carnet de commandes de l’ensemble du groupe s’élevait à 262,8 milliards d’euros.