Selon le quotidien britannique The Telegraph, un cargo transportant des hélicoptères russes serait en route pour la Syrie. Il aurait stoppé ses machines au large de l’Écosse, son assureur, Standard Club – compagnie britannique – l’ayant prévenu qu’il retirait son assurance en raison de sa cargaison.
Le MV Alaed, appartenant à la compagnie cargo russe Femco, est suspecté de transporter des Mi-25 syriens (Mi-24 Hind-D), livrés à la fin de la Guerre froide par la Russie, et renvoyés pour réparations et maintenance. Il s’agit des mêmes hélicoptères évoqués par la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton mardi 12 juin dernier, des appareils qui seraient utilisés par le pouvoir syrien pour mater la répression. L’ambassade de Syrie à Moscou et le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov avaient démenti l’utilisation des hélicoptères à des fins d’attaque, arguant du fait qu’il s’agissait uniquement d’équipement de défense et que la Russie ne livrait aucun nouveau matériel à la Syrie.
L’assureur aurait obtenu les informations par des responsables britanniques de la sécurité. Le fait pour Standard Club d’assurer un cargo transportant du matériel militaire à destination de la Syrie, le place en violation de l’embargo adopté par l’Union européenne en 2011. Les « mesures restrictives » adoptées le 9 mai 2011 par l’UE interdisent notamment « la vente, la fourniture, le transfert ou l’exportation à la Syrie, que ce soit par les ressortissants des États membres ou depuis le territoire des États membres ou au moyen de navires ou d’aéronefs de leur pavillon, d’armements et de matériels connexes de quelque type que ce soit, y compris des armes et des munitions, des véhicules et équipements militaires, des équipements paramilitaires et des pièces détachées […] ainsi que des équipements susceptibles d’être utilisés à des fins de répression interne, qu’ils proviennent ou non de leur territoire ».
En outre, le second paragraphe de ce premier article stipule qu’il est « interdit de fournir, directement ou indirectement, un financement ou une aide financière en rapport avec les articles visés au paragraphe 1 […] pour toute vente, toute fourniture, tout transfert ou toute exportation de ces articles, ou pour la fourniture d’une aide technique […] à toute personne physique ou morale, toute entité ou tout organisme en Syrie, ou aux fins d’une utilisation dans ce pays ».
En clair, l’embargo porte sur la vente, la fourniture, le transfert ou l’exportation d’armes à la Syrie, ainsi que la fourniture d’aide technique ou financière avec des activités militaires ou l’approvisionnement en armes. Au titre d’assureur d’un cargo transportant des hélicoptères de combat en direction de la Syrie, Standard Club aurait violé cet embargo si les États-Unis et les services britanniques de sécurité ne l’avaient pas alerté.
La position exacte du cargo n’est pas connue, mais sans assurance pour couvrir sa sécurité, il pourrait être forcé de retourner à son port de base, Kaliningrad.
Ce rebondissement dans l’affaire des hélicoptères syriens s’accompagne d’une autre nouvelle, dévoilée lundi 18 juin par l’agence de presse Interfax : Deux bâtiments amphibies russes, les navires de débarquement César Kounikov et Nikolaï Filtchenkov chargés de militaires, seraient en route vers le port syrien de Tartous, base de ravitaillement russe depuis la Guerre froide. Ils seraient destinés à assurer une mission d’évacuation du personnel russe présent à la base navale.
Enfin, des députés britanniques militent pour que l’exportateur russe d’armement Rosoboronexport soit exclu du salon aéronautique de Farnborough, qui doit se tenir du 9 au 13 juillet prochain.
L’article du Telegraph est disponible ICI.
