L’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine a remis le 14 novembre dernier son rapport sur « les conséquences du retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, sur l’avenir de la relation transatlantique et les perspectives de l’Europe de la Défense ». Il y détaille sa vision de ce que devrait être la place de la France dans l’Alliance atlantique et les défis à réaliser pour relancer l’Europe de la Défense. Il y affirme notamment qu’une « (re)sortie française du commandement intégré n’est pas une option », qu’elle « ruinerait toute possibilité d’action ou d’influence ». La question est donc de savoir dans quelle mesure la France devra défendre ses intérêts afin de préserver son influence au sein de l’OTAN.
Après un rappel historique de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, Hubert Védrine analyse les conséquences du retour de la France dans l’alliance. Il rappelle que le faible recul sur la réintégration ne permet qu’une évaluation provisoire, mais rappelle toutefois le rôle de la France pour qu’il soit « réaffirmé que la stratégie de l’Alliance reste fondée sur la dissuasion nucléaire » (novembre 2010, Sommet de Lisbonne), et que celle-ci devait être « complémentaire […] et non alternative » à la défense antimissile balistique.
Sur les conséquences économiques et budgétaires, on apprend que la Cour des Comptes a évalué à 325,86 millions d’euros la coopération française à l’OTAN pour l’année 2011. Cependant, le surcoût lié à la participation au budget des investissements, qui est pour l’instant de 75 millions par an, ne pourra être « pleinement mesuré » avant 2020.
Au niveau de l’industrie française, Hubert Védrine voit la réintégration de la France au sein de l’OTAN comme un élargissement des opportunités de marchés. Les programmes les plus importants sont le système de commandement et de contrôle aérien, la défense antimissile de théâtre, développée par la joint-venture Thales Raytheon Systems.
Sur les conséquences pour l’Europe de la Défense, Hubert Védrine affirme qu’il n’y a « pas eu d’avancée ni préalable, ni parallèle à ce retour ». En cause, baisses de budgets et absence « évidente » de toute volonté des États membres. Et un profond attachement à l’Alliance, qui freine quelque peu les tentatives de relancer une véritable coopération de Défense avec les principaux partenaires, que sont la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la Pologne. Hubert Védrine préconise de ce fait de mettre l’accent sur des coopérations au niveau industriel et des actions extérieures en matière militaire ou civilo-militaire.
L’auteur du rapport rappelle également les grands chantiers prioritaires de l’Agence européenne de Défense, identifiés en novembre 2011 par les ministres de la Défense de l’UE, dont deux sont du domaine aéronautique : Le projet de ravitailleurs en vol, afin de posséder enfin une autonomie stratégique ; la formation des pilotes ; le démonstrateur de surveillance maritime ; le projet d’hôpital de campagne. L’EATC représente quant à lui une « référence » pour le développement des futurs chantiers. Le bilan reste toutefois « maigre »…
Les recommandations finales du rapport sont claires : La France doit s’affirmer plus dans l’OTAN, qui doit rester une puissance militaire, et non « politico-militaire » et doit voir se développer une « stratégie industrielle française et européenne ».
En ce qui concerne l’Europe de la Défense, Huber Védrine préconise de « persévérer », et de reconstruire une vision stratégique commune, ainsi que d’examiner les projets du programme de Smart Defence de l’OTAN, pour écarter ceux qui feront « double emploi » avec les projets européens.