La Direction générale de l’armement (DGA) a profité du salon du Bourget en juin dernier pour exposer des innovations technologiques au service de la Défense. La DGA a ainsi mis en avant le dispositif RAPID (Régime d’appui aux PME pour l’innovation duale), qui chaque année apporte son soutien aux « projets d’innovation stratégique ». Le dispositif permet notamment aux PME et aux ETI (Entreprises de taille intermédiaire) d’avoir accès à des aides financières pour les projets de « recherche industrielle ou de développement expérimental à fort potentiel technologique ».
Parmi les stands, celui du projet 3DC2. Une surface de travail « multi-utilisateurs à visualisation personnalisée » qui permet de faciliter tout le travail de préparation et de planification de mission. Celle-ci se faisant à l’aide de nombreuses cartes, il s’agit de superposer ces différentes cartes et de les fusionner sur un même support digital, une tablette tactile, pour avoir une vision d’ensemble la plus complète possible. Ce faisant, si la carte devient illisible, il sera possible, grâce à des lunettes type lunettes 3D, de « séparer » les différentes cartes, tout en gardant une vision d’ensemble si besoin.
Il s’agit de « faire correspondre les exigences de contraintes de type images radar, météo, menaces aériennes, cibles », afin de pouvoir proposer une application « facile à utiliser », selon la DGA. Les lunettes sont fournies par Eyes3Shut, spécialisé dans les lunettes 3D grand public, les vidéoprojecteurs sont eux issus du commerce. Le travail a surtout porté sur le traitement de l’optique et l’optimisation de cette superposition de supports visuels.
Le projet a demandé 18 mois de travail, pour un financement total de 560 000€. Outre E3S, le concept a également été co-développé avec l’école d’ingénieurs Telecom Bretagne et la PME Immersion. L’objectif suivant est de « se rapprocher d’opérationnels », de « trouver un lieu et un vrai contexte opérationnel pour monter avec eux une véritable application qui correspond à leur métier ». C’est « en cours », assure-t-on à la DGA, qui précise également que le système 3DC2 est destiné à être accolé à d’autres systèmes de préparation de mission.
Sur le stand en face, la PME Lineo, qui présente son projet SIMBAA (Sandwich innovant en matériaux biosourcés pour l’aéronautique et l’automobile), développé avec LSM. Les deux entreprises ont eu l’idée d’utiliser des fibres naturelles de lin pour fabriquer des pièces composites, aussi bien destinées à l’automobile qu’à l’aéronautique. « On en fait des renforts innovants, des voiles de fibres utilisables dans l’industrie du composite », explique François Vanfleteren, le directeur de Linéo. Et c’est à partir de ces renforts que les partenaires et les clients vont construire les pièces composites.
Ces panneaux très légers offrent un gain de poids de 35%, avec une résistance accrue. Pour le secteur aéronautique, des contraintes supplémentaires ont été identifiées par Linéo, notamment en termes de résistance au feu. Le test consiste à mettre le feu au panneau, à enlever la flamme « et on regarde ce qui se passe sur le composite ». Pour ce faire, la fibre de lin a été ignifugée et la résine lestée de charges anti-feu. Si les premiers essais n’ont pas été totalement concluants, « ça a beaucoup brûlé au début » détaille le patron de Linéo, l’entreprise est pourtant arrivée à un résultat satisfaisant, « à force de chercher et d’essayer ». SIMBAA a notamment été utilisé pour fabriquer un carter d’hélicoptère de Guimbal
La France étant le premier producteur de lin au monde, il est aisé de trouver la matière première. Ce qui pose plus difficultés à Linéo, sera de gérer la montée en puissance et de pouvoir fournir assez de matière aux clients. Pour l’automobile, la phase industrielle a été lancée, mais le projet est toujours en développement pour le domaine aéronautique. « Nous avons démontré qu’il était possible de faire des pièces aéronautiques avec du lin, il faut maintenant qu’on identifie les partenaires pour savoir quel type de pièces on va pouvoir fabriquer. »
La suite concrète, c’est l’entrée au capital d’une grosse coopérative agricole de Normandie, afin d’augmenter la taille de l’équipe et de recruter des commerciaux, tout en apportant des financements pour la phase d’industrialisation.