Selon le quotidien économique autrichien Wirtschaftsblatt, des perquisitions ont été menées en Autriche, en Allemagne et en Suisse, dans le cadre d’une enquête sur la vente d’Eurofighter à l’Autriche en 2003. La police a notamment effectué des recherches au Tyrol, à Linz, à Hambourg, et surtout sur trois sites près de Munich, appartenant à EADS Allemagne et au consortium Eurofighter. Le Wirtschaftsblatt révèle que 14 personnes seraient accusées de corruption et de blanchiment d’argent dans le cadre de cet accord.
De forts soupçons de corruption pèsent sur le contrat de vente qui a été signé entre Eurofighter et l’Autriche en 2003, portant sur la fabrication et la livraison de 18 avions pour près de 2 milliards d’euros – réduction à 15 appareils pour 1,6 milliards d’euros en 2007. Des contreparties financières et des rétrocommissions accompagnaient la signature de contrat et depuis, les soupçons et les révélations ont régulièrement alimenté le débat.
Les enquêteurs ont été mis sur la piste suite à l’arrestation de Gianfranco Lande à Rome en juin 2011. Celui-ci avait alors révélé qu’une société écran basée en Grande-Bretagne, Vector Aerospace, aurait transféré des millions d’euros à Euro Development Business, société autrichienne liquidée depuis, chargée de la gestion des contreparties financières et des rétrocommissions liées au contrat Eurofighter.
Il s’avère que Vector Aerospace a été créée par EADS Allemagne, qui aurait injecté près 120 millions d’euros dans cette société-écran, dont près des trois-quarts auraient été ensuite redistribués à d’autres entreprises. Entre 2004 et 2007, ce sont 55 millions d’euros qui auraient été transférés d’EADS Allemagne à Vector Aerospace.
Les propriétés de deux lobbyistes suspectés d’avoir pris part aux négociations d’Euro Development Business font d’ailleurs partie des endroits perquisitionnés par la police.
Une nébuleuse opaque d’entreprises et de sociétés-écran seraient impliquées dans cette affaire, qui court depuis quelques années déjà en Autriche. En septembre 2011 déjà, une enquête préliminaire avait été ouverte concernant l’ancien ministre de la Défense Hubert Schreibner, également soupçonné de corruption et blanchiment d’argent.