À l’occasion d’une cérémonie organisée hier, mardi 19 novembre, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Geneviève Fioraso, et Marwan Lahoud, directeur général délégué à la stratégie et à l’international du groupe EADS, ont remis aux quatre lauréates de l’édition 2013 du « Prix Irène Joliot-Curie » leur récompense.
Ainsi, le prix « Femme scientifique de l’année » (40 000 euros) est décerné à Valérie Masson-Delmotte, directrice de recherche au C.E.A. et responsable de groupes de recherche sur l’évolution du climat. Celui de « Jeune femme scientifique » (15 000 euros) est attribué cette année à deux femmes : Wiebke Drenckhan, chercheuse au sein du Laboratoire de Physique des Solides (LPS) du CNRS à Orsay qui travaille sur les mousses, et Claire Wyart, responsable de l’équipe « Dissection optogénétique des circuits spinaux sous-tendant la locomotion » de l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière à Paris. Le troisième prix « Parcours femme d’entreprise » (15 000 euros) a été remis à Véronique Newland, ingénieure d’études et directrice générale de New Vision Technologies, entreprise spécialisée dans les études, suivi et organisation de la conception et du développement pour des projets en « vison industrielle et scientifique ».
Le Prix Irène Joliot-Curie récompense chaque année depuis 2001 trois femmes scientifiques aux carrières et parcours exemplaires. Il est destiné à promouvoir la place des femmes dans la recherche et la technologie en France, secteur très peu féminisé.
| Portrait : Wiebke Drenckhan, une « chercheuse heureuse »
À première impression, Wiebke Drenckhan incarne la bonne humeur et la joie de vivre. Cette « chercheuse heureuse », comme elle se définit, travaille au Laboratoire de Physique des Solides du CNRS, où elle essaie d’améliorer la compréhension des propriétés des mousses liquides afin d’obtenir des mousses solides de propriétés bien contrôlées. Les résultats de son travail sont aujourd’hui mondialement reconnus. En 2012, elle a reçu l’appui du Conseil européen de la Recherche en accédant à un ERC Starting Grant, outil de financement de projets de recherche. La chercheuse à déjà collaboré avec de grandes entreprises comme BASF et EVONIK. Ses travaux de recherche sont également très intéressants pour l’industrie aéronautique, puisque la mousse peut être utilisée pour alléger les avions. Wiebke Drenckhan est actuellement impliquée dans la création d’une société spin-off destinée à fournir une interface efficace entre l’industrie et les groupes de recherche du Laboratoire de Physique des Solides. Pour elle, le travail en équipe est indispensable dans le domaine de la recherche, que l’on soit une femme ou un homme. Un parcours pas très linéaire À la fin du lycée, Wiebke Drenckhan ne savait pas vraiment dans quelles études s’orienter, tant elle était attirée à la fois par l’art et la science. Après avoir longtemps hésité, elle décide finalement de tester durant un an ses deux passions, avec le soutien et l’encouragement de ses parents. « J’ai donc travaillé dans des théâtres et des laboratoires de physique et finalement je me suis rendu compte qu’il était plus simple de travailler dans la science et de garder l’art comme un hobby et pas le contraire. De plus, mon père, qui est physicien, m’a donné l’envie de continuer dans la science », raconte Wiebke Drenckhan, dont le parcours scientifique n’est pas très linéaire. D’ailleurs, « c’est souvent le cas dans notre domaine », précise-t-elle. Aujourd’hui mère épanouie, Wiebke Drenckhan arrive à allier vie professionnelle et vie privée, même si, reconnaît-elle, la partie professionnelle empiète parfois sur la vie privée, notamment les week-ends. « L’esprit reste parfois au laboratoire », avoue-t-elle. Elle encourage les jeunes filles passionnées par la science et curieuses, deux qualités qui lui ont permis de traverser des périodes difficiles, à poursuivre des études scientifiques ou techniques et ne pas avoir peur des stéréotypes. « Dans le monde de la science, il y a de la place pour beaucoup de gens différents. Même parmi les femmes, les caractères, les façons de travailler et de voir le monde sont très différents. J’ai appris peut-être cela un peu tard. Je pense qu’il faut y croire, car si les jeunes filles ont de la passion et mettent de l’énergie dans ce qu’elles entreprennent, elles trouveront leur place », conclut-elle. |
