Serait-ce la flamme mourante de l’espoir de ses salariés que Varig a entr’aperçue du fond de l’abîme dans lequel elle est tombée il y a un an ? Ou s’agit-il de l’étincelle qui fera repartir l’histoire presque octogénaire de la plus grande compagnie aérienne du Brésil ? Alors que personne ne se risque à reprendre un transporteur qui se noie dans ses dettes, ses employés, le Groupe des Travailleurs de Varig (TGV) présents dans le consortium NV Participacoes, ont présenté une offre lors de sa mise en vente et le juge brésilien du tribunal des faillites, Luiz Roberto Ayoub, a donné son accord de principe le 12 juin.
En faillite depuis le 17 juin 2005, Varig n’a plus rien à espérer de ses investisseurs ni du gouvernement brésilien pour qui elle n’est qu’un gouffre financier. La compagnie a donc été mise en vente le 5 puis le 8 juin. Mais aucune offre n’a atteint le minimum requis, fixé à 860 millions de dollars. Trop de dettes à assumer – plus de trois milliards de dollars. Pire : seule une proposition a été formulée au cours de la seconde séance de vente, celle de TGV.
Cette offre inattendue est elle aussi bien loin de ce qu’attendait le tribunal des faillites : elle ne se monte en effet qu’à 450 millions de dollars. Ils devraient régler 125 millions de dollars en espèces et s’acquitter du reste en émettant des obligations. Le juge a décidé de se laisser quelques jours pour étudier la proposition avant de l’accepter sur le principe.
Mais rien n’est joué et M. Ayoub attend des garanties, notamment la clarification du processus de financement. Les employés de Varig doivent prouver d’ici le 14 juin qu’ils sont réellement capables de réunir les fonds et effectuer un versement initial de 75 millions de dollars.
De plus, le tribunal de New York a décidé, le 12 juin également, d’obliger la compagnie à rendre sept de ses appareils à Boeing d’ici le 16 juin, cinq MD-11 et deux B777. Quatorze autres appareils sont cloués au sol, faute de moyens pour assurer leur maintenance. Avec une flotte privée de la moitié de sa capacité, les opérations pourraient bien avoir du mal à redémarrer. L’offre de TGV serait alors le dernier sursaut de Varig, avant que celle-ci ne s’enfonce inexorablement dans les sables mouvants de la liquidation.