Il semble que Varig, qui a fait la fierté du Brésil, soit vouée à perdurer. La compagnie brésilienne à bas coûts GOL a annoncé le 28 mars qu’elle rachetait l’intégralité du capital de VRG Linhas Aéreas, détentrice de la marque et exploitante de la « nouvelle Varig », pour 320 millions de dollars (dont 45 millions de dettes). L’accord doit encore être approuvé par les autorités antitrust et l’agence nationale de l’aviation civile du Brésil. Le groupe transporterait alors vingt millions de passagers annuellement.
GOL a l’intention de bien séparer les deux compagnies, au niveau de leur structure et de leur business model. Ainsi, GOL ne changera rien à son modèle économique et conservera son but de démocratisation du transport aérien par la proposition de vols à bas coûts, avec une seule classe de services et sur le réseau régional. Varig restera indépendante et sera séparée d’elle financièrement. Elle continuera de proposer des vols directs et son programme de fidélité (Smiles). Ses appareils offriront deux classes de service sur le réseau long-courrier et une seule sur le domestique, où elle reliera entre eux les principaux centres économiques brésiliens. Ses bases se seront dans les aéroports de Sao Paulo (Congonhas et Guarulhos) et de Rio de Janeiro (Santos Dumont et Galeao). Le réseau de GOL, complémentaire avec le sien, lui permettra de nourrir ses vols internationaux.
Nouvelle restructuration en prévision
Cependant, la compagnie low-cost n’a pas l’intention de maintenir le statu quo, d’autant moins que Varig continue de voler à perte. Elle va donc lui transmettre sa gestion low-cost pour diminuer ses frais : elle va optimiser ses acquis, utiliser massivement les nouvelles technologies, apporter son poids économique dans les négociations de tarifs et la doter d’une flotte plus efficace. Celle de Varig est actuellement composée de 17 appareils : treize Boeing 737-300, deux MD-11 et un B767-300ER. GOL compte la faire passer à trente-quatre appareils et la simplifier en n’en conservant que deux types : vingt B737 et quatorze B767. Elle pourra ainsi desservir douze destinations internationales, alors qu’elle n’en compte que cinq dans son réseau aujourd’hui : Paris, Francfort, Londres, Madrid et Milan en Europe, Miami, New York et Mexico City en Amérique du Nord, Buenos Aires, Santiago du Chili, Bogota et Caracas en Amérique du Sud.
La compagnie low-cost a des airs de cadeau d’anniversaire, alors que la marque Varig s’apprête à fêter ses 80 ans de services. L’ancien transporteur porte-drapeau revient en effet de très loin. Englué dans ses dettes, il a dû se placer sous la protection du régime des faillites en juin 2005 pour empêcher ses créanciers de saisir ses appareils. A partir de là, tout est allé de mal en pis : de retards en annulations de vols, la majeure partie de la flotte a fini clouée au sol faute que liquidités pour payer les redevances aéroportuaires et le kérosène. Après plusieurs échecs lors de sa vente aux enchères, elle a été reprise en juillet 2006 par VarigLog, son ancienne filiale logistique, et le fonds d’investissements Volo do Brasil. Repartant amputée de son unité de services et desservant un réseau réduit à un mouchoir de poche avec une flotte restreinte, la « nouvelle Varig » a regagné peu à peu du terrain depuis et a obtenu ses certificats opérationnels le 14 décembre dernier. A présent et avec le soutien de la très efficace GOL, elle peut reprendre le chemin de la croissance.