On en sait un petit peu plus sur les circonstances de l’accident de TAM le 17 juillet. Le 19 juillet, la société gérant les aéroports brésiliens Infraero a diffusé la vidéo des caméras filmant les pistes de l’aéroport Congonhas de Sao Paulo au moment où l’Airbus A320 de la compagnie brésilienne atterrissait. Elle montre que l’appareil avançait à une très grande vitesse. L’A320 a en effet parcouru l’intégralité de la piste en moins d’une trentaine de secondes, à une vitesse moyenne supérieure à 100 noeuds. L’enquête va donc devoir déterminer pourquoi le monocouloir n’a pas ralenti.
TAM a confirmé que le reverse du réacteur n°2 était alors désactivé. Un problème y était survenu le 13 juillet et la compagnie avait une dizaine de jours pour faire inspecter l’appareil, durant lesquels celui-ci pouvait encore voler. Il s’agit d’une procédure conforme aux manuels de maintenance du constructeur européen qui n’affecte pas, en théorie, les capacités d’atterrissage du monocouloir à Congonhas dans les conditions météorologiques qui régnaient le 17 juillet.
C’est pourquoi, sur la vidéo, les reverses ne semblent pas être engagés au début de l’atterrissage, l’équipage ayant respecté la procédure afin d’éviter une poussée dissymétrique qui aurait fait sortir l’appareil de l’axe de la piste. En revanche, lorsque l’A320 atteint les derniers 300 mètres, l’inverseur de poussée du moteur n°1 (coté caméra) est complètement enclenché, comme si le pilote avait effectué une tentative désespérée pour s’arrêter. C’est cette action qui aurait pu entraîner sa bifurcation à gauche ainsi que les divers témoignages faisant état d’une remise de gaz.
Dans tous les cas, la neutralisation du reverse du réacteur n°2 ne peut pas être la seule cause de l’accident, un appareil n’ayant pas absolument besoin de ce dispositif pour s’arrêter. Il devrait plutôt s’agir d’un enchaînement de dysfonctionnements : le revêtement neuf mais non terminé de la piste permettait-il ou non l’évacuation correcte de l’eau alors qu’il pleuvait de façon soutenue sur Sao Paulo ? A quel moment l’équipage a-t-il pris conscience que les dispositifs de freinage étaient inefficaces et pourquoi n’a-t-il pas redécollé ?
Les deux boîtes noires de l’appareil ont été retrouvées. Leur analyse devrait aider les enquêteurs, dont font partie des spécialistes d’Airbus et du BEA français (Bureau d’Enquêtes et Analyses), à déterminer les causes de l’accident. 186 personnes se trouvaient à bord du vol JJ3054, dont six membres d’équipage. Il y a également eu des victimes au sol, notamment celles travaillant dans le bâtiment de TAM Express dans lequel l’appareil est rentré après avoir survolé l’avenue Washington Luis, en contrebas de l’aéroport. Les secouristes ont retrouvé 188 victimes.