Les 193 États membres de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) sont réunis à Montréal depuis le 27 septembre et jusqu’à la fin de la semaine pour la 41e session de son Assemblée. Se tenant au moins une fois tous les trois ans, cette grand-messe était dans doute l’une des plus attendues depuis la création de l’organisation onusienne en 1947.
Il faut dire que l’aviation civile mondiale a été particulièrement ébranlée par la crise liée à la pandémie ces trois dernières années, avec des décisions politiques prises de manière unilatérale, parfois disproportionnée, voire même souvent sans réel fondement scientifique. La 41e Assemblée de l’OACI apportera peut-être de nouvelles pistes pour l’avenir, alors que les dernières restrictions aux frontières s’effacent progressivement en Asie.
Autre sujet d’actualité particulièrement attendu à Montréal bien sûr, la décarbonation du transport aérien dans le cadre des engagements du zéro émission nette de CO2 d’ici 2050. L’OACI et les régulateurs nationaux ont un important rôle à jouer, au même titre que les industriels et les compagnies aériennes. Une feuille de route mondiale, le LTAG (Long-Term Aspirational Goal) doit ainsi guider les décisions des gouvernements sur la montée en charge des carburants durables pour l’aviation (SAF), levier indispensable pour réduire les émissions, en plus du renforcement du dispositif de compensation CORSIA.
Mais ce que l’on n’a pas vu vraiment venir, c’est ces scrutins qui viennent de faire perdre à la Russie son siège au conseil de gouvernance de l’OACI (il ne manquait que 6 votes sur 86 requis pour se maintenir), après tant de violations de la Convention de Chicago ces dernières années. Citons par exemple la violation de l’espace aérien de l’Ukraine, le bombardement d’aéroports civils et bien sûr les conséquences du décret du Kremlin qui est venu confisquer de nombreux appareils appartenant à des loueurs occidentaux au mois de mars en violation directe de l’Annexe 7 de l’OACI. Comment ne pas oublier non plus le veto de la Russie l’année dernière quand il fallait sanctionner la Biélorussie à la suite du véritable détournement politique du 737-800 de Ryanair vers Minsk, une violation du droit aérien qui représente une véritable menace pour le transport aérien mondial.
L’Organisation de l’aviation civile internationale a pleinement joué son rôle en venant favoriser la régularité du transport aérien international et sa sécurité. Quant à la Russie, ce nouvel épisode vient assurément encore accélérer davantage la véritable descente aux enfers de l’aviation commerciale russe depuis l’invasion de l’Ukraine (lire le récent Édito : La grande Bérézina de l’aviation commerciale russe va s’intensifier cet hiver).
