Spirit AeroSystems réintègre la maison-mère. Fragilisé depuis plusieurs années par des problèmes de qualité sur plusieurs programmes de Boeing, l’équipementier américain a été racheté par l’avionneur et ses activités vont être intégrées dans chacune de ses divisions. Celui-ci ne récupère toutefois pas l’intégralité des activités de l’industriel puisqu’Airbus reprend celles qui concernent ses propres programmes commerciaux. Les deux transactions ont été finalisées le 8 décembre.
Boeing met ainsi la main sur les activités liées à ses propres programmes commerciaux, notamment les fuselages pour le 737 et les structures principales pour les 767, 777 et 787, ainsi que pour les fuselages destinés aux programmes P-8 et KC-46. Elles intégreront la division Commercial Airplanes. Cette transaction lui permet également d’internaliser son plus grand fournisseur de pièces de rechange et de renforcer sa présence mondiale dans le domaine de la maintenance, en intégrant ces activités dans la division Global Services.
En revanche, Boeing crée Spirit Defense, une filiale non intégrée de Boeing Defense, Space & Security, avec sa propre gouvernance et des opérations indépendantes pour garantir un soutien ininterrompu aux programmes de défense et spatiaux des Etats-Unis. La part des activités de Spirit AeroSystems à Belfast acquise par Boeing fonctionnera elle aussi comme une filiale indépendante sous la marque Short Brothers.
Boeing va ainsi enrichir ses effectifs de 15 000 collaborateurs.
« Il s’agit d’un moment charnière dans l’histoire et la réussite future de Boeing, alors que nous commençons à intégrer les activités commerciales et de service après-vente de Spirit AeroSystems et à créer Spirit Defense », a déclaré Kelly Ortberg, président-directeur général de The Boeing Company. « Alors que nous accueillons nos nouveaux collègues et réunissons nos deux entreprises, notre priorité est de maintenir la stabilité afin de pouvoir continuer à fournir des avions de haute qualité, des services différenciés et des capacités de défense avancées à nos clients et à l’industrie. »
Airbus, de son côté, a acquis plusieurs installations qui avaient remporté des work packages sur ses différents programmes civils. L’avionneur européen a ainsi repris le site de Kinston, en Caroline du Nord, qui réalise des sections de fuselage d’A350 et sera baptisé Airbus Aerosystems Kinston. Le site de Saint-Nazaire, qui produisait également des sections de fuselage d’A350, devient Airbus Atlantic Cadréan. Le site de Casablanca, responsable de composants d’A320 et A220, devient Airbus Atlantic Maroc Aero.
Par ailleurs, les installations de Belfast chargées de la production d’ailes et de sections centrales d’A220 adoptent l’identité Airbus Belfast. Les installations écossaises fabriquant des composants d’ailes pour A320 et A350 seront dénommées Prestwick Aerosystems. Enfin, la production des mâts réacteurs de l’A220 sera transférée de Wichita au site de Saint-Eloi à Toulouse.
Airbus intégrera ainsi 4 000 nouveaux collaborateurs.
Spirit AeroSystems avait été créé en 2005, lorsque Boeing avait vendu sa division de Wichita et ses activités en Oklahoma au fonds d’investissement Onex. Il était alors devenu un sous-traitant essentiel de l’avionneur, responsable de la production de fuselages, cockpits, ailes, et autres équipements, notamment pour ses programmes commerciaux. L’année suivante, l’acquisition de l’activité aérostructures de BAE Systems lui permet de gagner Airbus comme client. Par la suite, Spirit AeroSystems continuera de croître, remportant des contrats structurants sur plusieurs grands programmes civils, notamment auprès d’Airbus mais pas uniquement, et dans le secteur militaire. Devenu un fournisseur d’aérostructures phare, son vacillement après la détection des problèmes de qualité, notamment sur les programmes 737 et 787, a fortement fragilisé la chaîne d’approvisionnement au début des années 2020 et notamment au moment de la reprise post-covid, contraignant Boeing et Airbus à prendre en charge son sauvetage pour protéger leur propre production.
