La jeune société Expliseat a dévoilé à Paris le 28 mars un siège de classe économique au moins deux fois plus léger que les derniers slim-seats actuellement sur le marché. Baptisé « Titanium seat », ce siège affiche une masse de seulement 4 kg par passager et vise en priorité les monocouloirs Airbus et Boeing.
Selon Benjamin Saada, le président de la start-up, un siège comme le Titanium seat permettrait à une compagnie comme easyJet de réduire sa facture carburant de 480 000 dollars par an et par avion (la flotte de la low-cost britannique comprend aujourd’hui 187 Airbus A319 et A320). Le gain de masse peut atteindre 2 tonnes par monocouloir en fonction de la génération de sièges installés et ainsi représenter une réduction de la consommation en carburant de l’ordre de 3 à 5%, « soit l’équivalent de l’apport d’un dispositif comme les Sharklets d’Airbus sur la famille A320 » souligne Benjamin Saada.
Cette très forte réduction de la masse des sièges résulte de l’utilisation de matériaux en composite et en titane. La rangée de sièges est assemblée comme une banquette dont l’ossature est constituée d’une structure tubulaire n’utilisant qu’une trentaine de pièces seulement (contre 500 en moyenne pour des sièges classiques). Les travaux de conception du Titanium seat ont duré 3 ans et ont impliqué le dépôt de 8 brevets.
« Nous voulons être le leader mondial du siège aéronautique » a ainsi déclaré Benjamin Saada, précisant pouvoir produire 30 000 sièges par an, soit l’équivalent de 150 à 180 cabines de monocouloir. Pour ce faire, la jeune société n’a pas de centre de production et a choisi le modèle « fabless » si cher à l’américain Apple, nouant des partenariats avec des industriels dont les identités n’ont pas été révélées, mais qui pourraient être liés à des équipementiers du secteur automobile localisés en Aquitaine ou en Midi-Pyrénées. Le montage et l’assemblage seront intégralement réalisés à Toulouse, au plus près de la FAL de l’avionneur européen.

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Deux sièges sont aujourd’hui disponibles au catalogue d’Expliseat, chacun adapté au diamètre du fuselage des familles A320 et 737. Si Benjamin Saada n’a pas voulu révéler le prix du siège, il a cependant indiqué qu’il devrait être légèrement supérieur aux prix facturés par ses concurrents, mais pour un retour sur investissement bien plus court et « très inférieur à 5 ans ».
Expliseat est aujourd’hui en discussion « intense » avec une dizaine de compagnies aériennes à travers le monde, en Europe, aux États-Unis et en Asie. Le siège pourrait être certifié par l’EASA avant la fin de l’année, Expliseat travaillant étroitement avec l’autorité de certification européenne depuis 18 mois. La certification FAA devrait automatiquement suivre dans les six mois suivants.
Le Titanium seat sera présenté par Expliseat lors du prochain salon Aircraft Interiors qui ouvre ses portes du 9 au 11 avril à Hambourg.
La société Expliseat en chiffres – SAS au capital de près de 129 000 euros – 3 actionnaires fondateurs majoritaires : Benjamin Saada, Jean Charles Samuelian et Vincent Tejedor – Une dizaine d’investisseurs privés dont Christian Streiff, ex-DG d’Airbus et de PSA – 11 salariés en 2013, une vingtaine de prévue en 2014 – Des levées de fonds de plusieurs millions d’euros dont des aides publiques OSEO (250 000 €) et de la Région Aquitaine (400 000 €) – Objectif à court terme : un carnet de commandes de 100 à 200 cabines par an. |

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Le siège présenté à Paris ne possède pas de tablette au niveau du dossier ; un produit qui pourrait intéresser les compagnies low-cost et qui serait une première dans le monde des compagnies aériennes utilisant des monocouloirs Airbus et Boeing. Le siège peut tout de même être équipé de la traditionnelle tablette repliable, tout en affichant toujours un poids de 4 kg sur la balance.

Images © Expliseat
Le siège dispose d’un dossier près-incliné à courbe ergonomique de seulement 5 cm d’épaisseur. Sa résistance a été testée pour une utilisation de 100 000 cycles (passagers), soit l’équivalent de 10 ans d’utilisation.