Les tendances se confirment. Lors de la présentation des résultats annuels de la filière aéronautique par le GIFAS le 9 avril, Marwan Lahoud a indiqué que l’emploi allait se stabiliser en 2015 et que les métiers de la production étaient toujours pénuriques.
En 2014, la filière rassemblait 180 000 employés, une hausse nette de 3 000 emplois (dont un millier généré par les nouveaux adhérents). Sur les 10 000 recrutements réalisés, la majorité a donc servi à remplacer des départs. Ce sera également le cas en 2015, où 8 000 recrutements sont prévus.
Avec les augmentations de cadences annoncées chez les donneurs d’ordre (notamment sur les programmes A320 et A350 d’Airbus), la pression s’accroît dans les métiers de la production, pour des postes de techniciens et opérateurs qualifiés (ajusteurs, monteurs, soudeurs, chaudronniers…). A l’inverse, les besoins diminuent en ingénierie et en recherche, le développement des programmes étant très avancé.
Marwan Lahoud explique que cette situation est en partie due à un manque de communication, les jeunes connaissant mal ces métiers. C’est pourquoi l’Avion des Métiers, traditionnellement présent au salon du Bourget pour présenter les opportunités de carrière dans l’aéronautique, sera cette année un Avion des Métiers de la production.
Par ailleurs, le président du GIFAS indique qu’il existe assez peu de formations dans les métiers recherchés et qu’il est difficile de trouver dans l’enseignement professionnel des jeunes gens formés ne serait-ce qu’aux rudiments de ces métiers. L’effort mis sur les formations en alternance se poursuivra donc. En 2014, 6 000 jeunes ont été recrutés en alternance et ce niveau devrait se maintenir en 2015. Parmi eux, une centaine a bénéficié du parcours partagé d’apprentissage, un nombre qui devrait doubler en 2015. Il s’agit d’un système qui permet à une grande entreprise de sélectionner et former un alternant sur un métier dont elle a besoin puis de le placer auprès d’une PME.
Toujours dans ce domaine, le partenariat entre les industriels et différents établissements de formation va se renforcer. Le lycée Airbus à Toulouse, le lycée Stélia à Méaulte, le CFA métallurgie aéronautique Safran / Turbomeca à Bordes ou le CFA Figeac Aéro s’inscrivent dans cette démarche visant à développer les formations spécifiques aux métiers de la filière.
Marwan Lahoud explique que la situation est parfois critique, un équipementier ayant par exemple été contraint de recruter des techniciens venant de Tunisie ou de Pologne pour des postes en France.
En ce qui concerne le domaine militaire, la remise en question de la loi de programmation militaire met en danger la filière de Défense. Le GIFAS estime que 300 000 emplois directs et indirects sont menacés, partant d’une hypothèse d’une réduction de budget de 10 milliards d’euros sur dix ans. Cette situation rend la filière aéronautique de plus en plus civile, au risque de « mettre en jeu l’existence de dizaines voire de centaines d’entreprises » (fournisseurs et sous-traitants à dominante Défense) ou, « petit à petit, de provoquer leur départ du territoire. »