Les satellites du projet Elisa (ELectronic Intelligence SAtellite) sont mis en orbite aujourd’hui par une fusée Soyouz, qui décollera de Kourou (Guyane). Ces satellites seront chargés du recueil de renseignements d’origine électromagnétique (ROEM). Le projet a été initié par la Direction Générale de l’Armement (DGA).
Les quatre satellites, de 125 kilos chacun, voleront en formation à 700 kilomètres d’altitude et sont destiné au renseignement spatial militaire. Le projet est en fait un démonstrateur technologique, dont l’objectif est la localisation et l’identification des radars au sol de la planète entière. Pendant trois ans, les équipes de la DGA installées à Bruz (près de Rennes), avec la participation notamment de la Direction du renseignement militaire (DRM), vont recueillir des informations et travailler à l’amélioration de la précision et de la qualité de leur collecte.
Les satellites et le segment sol (contrôle des satellites et transmission des plans de travail, ainsi que préparation des plans de travail et traitement des mesures) sont réalisés par Astrium et Thales Systèmes aéroportés.
Le Centre national d’études spatiales (CNES) assure la maîtrise d’ouvrage d’ensemble du projet, en en partenariat avec la DGA.
Les renseignements collectés permettront de préparer le programme CERES, qui permettra, à terme, de localiser et identifier des signaux émis par des systèmes adverses (ennemis), dans le but notamment de cartographier les radars, d’évaluer leur niveau d’activité, mais également de brouiller le signal. Tout ceci dans le but de « garantir la suprématie des avions français », selon la DGA. Les forces armées pourront ainsi programmer leurs systèmes d’armes pour les protéger contre des attaques adverses. L’avantage de l’espace, selon le général Henry de Roquefeuil, coordinateur de l’équipe défense du CNES, c’est de pouvoir passer au-dessus des territoires, sans avoir besoin d’un éventuel accord gouvernemental.
Le projet Elisa est la continuité des satellites Cerise et Clémentine, lancés il y a quinze ans, ainsi que du démonstrateur Essaim lancé en 2004, qui avait permis de recueillir des renseignements électromagnétiques dans le domaine des télécommunications.
Cette mise en orbite intervient dans un contexte de guerre électronique discrète entre les Etats. Le renseignement spatial devient de plus en plus un enjeu important, et surtout stratégique, dans le domaine militaire.