Il n’y a pas que dans les domaines du textile et du luxe que la contrefaçon chinoise fait des ravages. Le Pentagone est également victime d’un afflux de pièces électroniques de contrefaçon en provenance de Chine. Tout est parti du Government of Accountability Office (GAO), un organisme indépendant travaillant pour le Congrès. Le GAO a créé une société fictive, se faisant passer pour un acheteur potentiel de pièces électroniques sur Internet. Il a réussi à avoir accès à deux plateformes d’achat proposant du matériel militaire. Les vendeurs potentiels ont mis en moyenne une journée à répondre, deux semaines à livrer les pièces demandées. Avant chaque achat, le GAO a choisi l’offre la plus basse, ainsi que l’entreprise qui fournissait un nombre suffisant de renseignements. Les pièces ont ensuite été envoyées dans un laboratoire indépendant pour effectuer des tests de vérification.
Les résultats se sont fait attendre, mais ils sont édifiants : sur 16 pièces commandées, 13 proviennent de sociétés chinoises, et toutes sont des contrefaçons. Le GAO les a réparties en trois catégories. La première catégorie concerne des pièces avec un numéro de série authentique, mais obsolète ou rare (7 pièces) ; la seconde catégorie regroupe les pièces qui ne sont plus en fabrication (5 pièces) ; et enfin la troisième catégorie rassemble des pièces qui n’existent pas techniquement parlant (4 pièces) !
Sur les 396 vendeurs potentiels repérés par le GAO, 334 sont basés en Chine, 25 aux Etats-Unis, 37 dans d’autres pays, comme le Canada, le Japon ou encore la Grande-Bretagne.
Dans le cadre d’une longue investigation, le Comité des forces armées du Sénat – qui avait demandé au GAO de conduire l’expérimentation – a relevé 1800 cas suspects de contrefaçons, ce qui représente près d’un million de pièces au total. Sur l’étude approfondie de 100 cas, 70% proviennent d’industries chinoises, 20% de la Grande-Bretagne et du Canada, points de revente connus de pièces électroniques de contrefaçon chinoise. Le Comité souligne toutefois que cela ne représente que la partie immergée de l’iceberg, le GAO confirme ces propos en indiquant dans son rapport qu’aucune estimation de l’étendue des dégâts ne peut être faite pour l’instant.
Le Comité des forces armées relève au moins sept avions concernés par la contrefaçon de systèmes : C-130J Hercules, P-8A Poseidon et C-27J Spartan. Certains sont actuellement déployés en Afghanistan.
Déjà en octobre 2009, le scandale s’était porté sur l’affichage du poste de pilotage de certains C-130J, C-17 et CH-46. Certains composants, comme la carte mémoire, avaient été identifiés comme de la contrefaçon, qui n’avait cependant pas d’effet sur la viabilité des appareils.
Le GAO et le Comité des forces armées du Sénat parlent de violation de la propriété intellectuelle et des copyrights et appellent la Chine à contrôler et à sévir pour enrayer le phénomène. Selon le comité, le risque pour les militaires est très élevé, coûterait une fortune aux Etats-Unis et représenterait un manque important à gagner en terme d’emplois sur le territoire.