Dévoilé à l’occasion du Salon du Bourget par Dassault Aviation, le projet de Véhicule Orbital Réutilisable de Transport et d’Exploration (VORTEX) a déjà fait couler beaucoup d’encre depuis quelques jours. Soutenu par le ministère des Armées et par l’Agence spatiale européenne (ESA), ce programme de démonstrateur technologique a pour ambition de consolider la souveraineté spatiale de l’Europe, si chère au président Emmanuel Macron, et déjà qualifié d’exemple de l’innovation dans le spatial en matière de défense.
Se voulant dès le départ « dual », c’est-à-dire voulant répondre à la fois à des applications civiles et militaires, les besoins d’un outil comme VORTEX semblent cependant particulièrement liés à la recrudescence des capacités antisatellite des grandes puissances depuis quelques années, une menace qui avaient d’ailleurs conduit en 2019 à la création du Commandement de l’Espace (CDE) intégré à l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE).
Sur le plan civil, le projet pourra déployer, récupérer, réparer ou désorbiter des satellites, assurer la maintenance de plateformes orbitales, ou encore effectuer des largages de charges utiles en orbite basse (LEO) mais son intérêt financier semble bien plus complexe à appréhender compte tenu de la diminution vertigineuse des coûts des lancements orbitaux amenée par des acteurs comme SpaceX.
Le projet VORTEX semble en fait plutôt venir répondre à des besoins en surveillance spatiale, voire à des missions d’intervention vis-à-vis de satellites hostiles, comme pour celles menées par le bien mystérieux X-37B de l’United States Space Force, ou encore pour son équivalent chinois Shenlong, toujours défini par l’Empire du Milieu comme un simple programme de recherche scientifique. Et ces véhicules ne sont clairement pas là pour venir lancer des satellites civils en orbite LEO.
Ce qui semble une certitude c’est que le chemin qui mènera à un réel véhicule orbital réutilisable pleinement opérationnel (le VORTEX- C, non piloté, échelle 1), comparable aux véhicules concurrents déjà en service, nécessitera plusieurs centaines de millions d’euros sur la table au minimum pour devenir une réalité dans la prochaine décennie, rien que pour les dépenses de R&D.
Et avec l’impérieux besoin du réarmement de la France, prévu par l’augmentation des dépenses de la dernière LPM, opposé à une équation budgétaire toujours plus impossible à résoudre au niveau des finances publiques, un nouveau programme comme VORTEX va devoir se défendre…