Le C919 de COMAC (Commercial Aircraft Corporation of China) n’a aujourd’hui plus de moteurs. Le concurrent désigné des monocouloirs Airbus A320 et Boeing 737 produit en Chine vient en effet de subir une interdiction temporaire d’exportation des moteurs LEAP-1C de CFM International de la part du Département du Commerce des États-Unis, ainsi que pour d’autres équipements, une information révélée par le New York Times la semaine dernière.
Cette mesure va évidemment fortement perturber les plans de montée en cadence de l’avionneur chinois, voire tout simplement mettre un terme aux ambitions de l’industrie aéronautique de l’Empire du Milieu durant un certain temps si cette suspension des licences devenait durable. COMAC espérait produire une trentaine de C919 cette année, alors que seulement 19 exemplaires ont été livrés à ce jour aux trois opérateurs de lancement.
Le moyen-courrier chinois est, on le sait, fortement lié aux industriels occidentaux. Les moteurs sont produits par Safran et GE Aerospace, les nacelles par Nexcelle (Safran Nacelles et Middle River Aerostructure Systems), ces systèmes avioniques par Collins Aerospace et par GE, ses roues et ses freins par Honeywell…. En somme, le C919 accuse une forte dépendance des savoir-faire technologiques américain, et donc aux relations sino-américaines. Et avec le deuxième mandat de Donald Trump, le moins que l’on puisse dire c’est qu’elles ne sont vraiment pas bonnes.
Bien évidemment, les hautes autorités chinoises feront ce qu’il faut pour tenter d’apaiser les tensions commerciales avec Washington et relancer durablement le programme C919. Mais le mal est fait et Pékin a sans doute aussi trouver l’excuse rêvée pour accélérer la sinisation de ses programmes d’avions commerciaux, voire se rapprocher une nouvelle fois de la Russie. Les équipementiers occidentaux se font d’ailleurs plus discrets quant au futur gros-porteur C929.
Il manque certes à l’industrie chinoise un turboréacteur de la catégorie du CFM56 et du LEAP capable de rivaliser avec les motoristes occidentaux en termes de fiabilité, de durabilité et en consommation de carburant. Le motoriste Aero Engine Corporation of China (AECC) travaille toujours sur son CJ-1000A mais la communication sur ce programme est rare.
L’administration Trump vient peut-être de lui donner un gros coup de pouce…