Le délégué général pour l’armement Laurent Collet-Billon a été auditionné par la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat le 1er octobre dernier, afin de donner sa propre vision du projet de Loi de programmation militaire (LPM). Il a notamment fait part de son inquiétude concernant les équipements destinés aux forces armées pour la période 2014-2019, parlant d’un « exercice difficile » pour « conjuguer souveraineté stratégique et souveraineté budgétaire dans la situation économique d’aujourd’hui ».
« Afin de dégager des marges de manœuvre pour lancer de nouveaux programmes et répondre aux besoins capacitaires, les calendriers des livraisons des nouveaux matériels [A400M, NH90, Tigre, Rafale, FREMM, SNA Barracuda, système FELIN, missile d’interception à domaine élargi] seront aménagés tout en permettant la poursuite du renouvellement des capacités initié sur la loi de programmation précédente », a déclaré Laurent Collet-Billon lors de son audition. Il a également présenté l’exportation de l’A400M comme une condition essentielle aux reports de livraisons prévus : « l’export sera nécessaire pour maintenir des flux de production corrects ». Rien de bien nouveau, certes, mais c’est sur le budget alloué aux équipements que la question se fait plus sensible.
En effet, le programme P146 « équipement des forces » se verra doté d’une enveloppe de 10 milliards d’euros par an, pour un total de 59,5 milliards sur la période 2014-2019, un « retrait sensible » de 30% par rapport à la période précédente. La baisse est importante sur les programmes à effet majeur (-41%), un peu moins forte sur la dissuasion (-11%) et les autres opérations d’armement (-18%).
Le DGA a également émis des réserves sur les capacités du drone tactique Watchkeeper, dont la récente expérimentation a démontré que « la maturité du produit pourrait être meilleure ». Il a ensuite déclaré : « Il faudra nous démontrer que sa maturité est supérieure à celle que nous avons constatée ». Laurent Collet-Billon ne s’est toutefois pas étendu sur le sujet ni sur les suites qui seront données à ce programme, qui devrait en théorie équiper l’armée de terre, dans un projet de coopération avec les forces terrestres britanniques.
Le DGA a tout de même concédé que la LPM ne prévoyait « aucun abandon de capacité technique, technologique ou industrielle » et qu’elle traduisait « le maintien de nos ambitions stratégiques, en cohérence avec les orientations du Livre blanc », sur les missions « fondamentales » que sont la dissuasion, la protection et l’intervention.

