Le général Denis Mercier, chef d’état-major de l’armée de l’air, a été auditionné le 18 septembre dernier par la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées de l’Assemblée nationale sur le projet de loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019. Il a notamment eu l’occasion de mettre l’accent sur la « cohésion entre les capacités », tout en s’inquiétant du niveau relativement bas de l’entraînement des personnels qui pourraient potentiellement mettre en danger certaines capacités opérationnelles.
Concernant les équipements de l’armée de l’air, le CEMAA parle d’une modernisation qui se fera « à un rythme moins rapide […] sur des formats plus réduits […] mais qui privilégiera la cohérence de [notre] capacité opérationnelle globale ». Il a toutefois averti que la livraison des nouveaux radars de surveillance et de défense aérienne ne pouvait plus être décalée, en raison des « obsolescences profondes » et des coûts trop élevés de maintenance qui « fragilisent la protection du territoire national ».
Le général Mercier a également déclaré une fois de plus que la commande et la livraison d’avions ravitailleurs, les fameux A330 MRTT d’Airbus Military, étaient « une priorité essentielle », à la fois pour remplacer les C-135 mais également pour maintenir la capacité de projection de l’armée de l’air en OPEX.
C’est sur le MCO et le niveau d’entraînement des personnels que le CEMAA se fait le plus de souci, car ce sont deux piliers de la capacité opérationnelle de l’armée de l’air. Selon l’audition, le déficit de crédits d’activité a atteint un milliard d’euros sur la période 2009-2014, en raison d’une sous-dotation de l’entretien programmé du matériel (EPM). De fait, le général Mercier annonce que même si le niveau d’activité pour 2014-2015 devrait rester le même qu’en 2013, il sera tout de même insuffisant, de l’ordre de « -20% par rapport aux normes d’entraînement ». Il espère donc que ce niveau sera remonté après 2016.
Sur les drones, le CEMAA précise que les premiers Reaper qui seront livrés à la France le seront au standard Block 1 et qu’ils seront ensuite rétrofités. Il évoque aussi l’idée d’un « club Reaper » à l’échelle européenne, visant à mutualiser cette capacité de renseignement avec les pays qui en sont ou en seront équipés, Grande-Bretagne en tête.
Enfin, l’idée de Défense à l’échelle européenne continue à faire son chemin, présentée comme l’alternative par excellence pour réduire les coûts en ces temps de disette budgétaire et de se diriger lentement, mais sûrement vers une mutualisation accrue des équipements militaires. Le général Mercier salue à cet égard la LPM, qui « ouvre de nombreuses opportunités dans le domaine aéronautique que [nous] devons absolument saisir pour avancer de façon réaliste et pragmatique vers une défense plus européenne sans abandonner notre autonomie d’action et de décision ».

