L’Europe de la Défense doit ouvrir la voie à une Défense européenne, tel est en substance le message du dernier rapport d’information publié par la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat. Le document, présenté mercredi 3 juillet au Sénat, appelle à un sursaut politique dans le domaine de la Défense à l’échelle européenne. Dressant le constat d’une situation « contre-productive », les sénateurs appellent au pragmatisme et à des décisions politiques pour sortir de l’impasse actuelle, dans la perspective du Conseil européen de Défense qui doit se tenir en décembre de cette année.
« Impasse conceptuelle », « fatras conceptuel », l’expression d’« Europe de la Défense » est décrite de manière assez dure, une situation « contre-productive » qui ne se rapporte ni à la défense de l’Europe, ni à la défense européenne, ni tout à fait à la PSDC. Malgré quelques réussites – Service européen d’action extérieure, Agence européenne de défense, opération de lutte anti-piraterie Atalanta, EADS, MBDA, A400M, Meteor, EATC – les sénateurs de la commission constatent aujourd’hui que la situation est bloquée. Il n’y a en effet pas de grand programme pour succéder à l’A400M, le projet de fusion EADS-BAE Systems a été un échec, le Mali n’a pas permis le déploiement d’une force tactique européenne. Trois raisons ont été identifiées pour expliquer cet échec : l’absence de menace aux frontières européennes, un manque de coordination entre l’Otan et l’UE, une politique d’avancée « pas à pas » qui ne fonctionne plus.
Face à cette situation, le rapport préconise plusieurs pistes de réflexion et mesures pour lancer une véritable dynamique européenne de Défense au niveau politique. Un renforcement de la BITD par le biais notamment d’une fusion OCCAR et AED, qui permettrait de former une agence européenne de l’armement, sans garantie quant à son efficacité en raison de l’absence actuelle de programme d’armement à l’échelle internationale.
La proposition la plus novatrice repose sur la formation d’un « Eurogroupe de Défense », un groupe « pionnier », fondé sur les capacités actuelles françaises et britanniques, par le biais du Traité de Lancaster House, un groupe qui intègrerait également l’Allemagne et les pays « qui le souhaitent et le peuvent d’aller plus vite et plus loin » (Italie, Espagne, Pologne…). En somme, des coopérations bilatérales ou multilatérales renforcées dans des domaines-clés, afin de développer la mutualisation des moyens opérationnels, capacitaires et industriels.

