::: Article mis à jour avec les résultats de Delta et Northwest :::
Les compagnies américaines sont toujours aussi mises à mal par les prix du pétrole. Les résultats pour le premier trimestre 2008 le confirment : la crise est bien de retour. Toutes sont retombées dans le rouge et de nouvelles réductions de capacité ont été planifiées. Et les choses ne vont pas s’arranger : la couverture carburant s’amenuise de jour en jour.
American Airlines a annoncé 328 millions de pertes pour la période quand elle affichait un bénéfice au premier trimestre 2007. Et selon elle, « le prix du pétrole a contribué de façon significative à cette perte » : ses dépenses en carburant ont augmenté de 665 millions de dollars. Pour pallier l’une des plus grandes menaces de l’industrie du transport aérien, la compagnie a décidé de réduire ses capacités cette année et d’accélérer le remplacement de ses MD-80, qui lui causent bien des soucis, par des Boeing 737-800.
United Airlines a enregistré encore davantage de pertes : 537 millions de dollars. Elles ont plus que triplé par rapport au premier trimestre 2007. La compagnie a dépensé 618 millions de dollars de plus en carburant. Elle a donc décidé de réduire encore ses capacités domestiques de 9% d’ici la fin de l’année et de retirer définitivement trente monocouloirs du service (au lieu des dix à quinze annoncés en février). Elle va également diminuer ses coûts non liés au carburant en licenciant 1 100 personnes.
Continental est dans le même cas : elle a enregistré 80 millions de dollars de perte et son poste carburant a crû de 53,2% par rapport au premier trimestre 2007. La compagnie américaine a donc une nouvelle fois annoncé un plan de réduction de sa flotte de quatorze Boeing 737-300 entre septembre 2008 et avril 2009, qui s’ajoutent aux trente-quatre qu’elle avait déjà décidé de retirer. Elle va également réduire ses capacités régionales à partir de l’automne.
Delta et Northwest sont quant à elles tombées de très haut. La première a enregistré une perte nette de 6,4 milliards de dollars tandis que la seconde a atteint les 4,1 milliards de déficit. Celles-ci sont pour beaucoup (respectivement 6,1 et 3,9 milliards de dollars) dues à des éléments non récurrents liés à la dépréciation de leurs actifs, conséquence de la hausse du prix du pétrole. Leur poste carburant a augmenté de 585 et 445 millions de dollars par rapport au premier trimestre 2007. Toutes deux de nouveaux dans le rouge, même sans la dépréciation, elles ont décidé de réduire encore leurs capacités régionales et domestiques et de soustraire davantage d’appareils à leur flotte. Delta va notamment supprimer quinze à vingt liaisons et retirer entre soixante et soixante-dix appareils régionaux.
Southwest Airlines sort du lot car elle est restée bénéficiaire. Mais la compagnie de Dallas ne s’inquiète pas moins. Elle va de nouveau réduire la croissance de sa flotte. Elle, qui devait recevoir vingt-huit B737-700 en 2008, ne va en réceptionner que la moitié, les autres étant repoussés à 2015. Douze appareils prévus pour 2010 ne seront quant à eux plus livrés qu’entre 2013 et 2015.
Or, la situation de Southwest est moins désespérée que celle de ses consoeurs. La compagnie low-cost est en effet couverte à 70% contre la hausse du prix du carburant en 2008, avec un prix maximum de 51 dollars le baril, à 50% en 2009 et à 25% en 2010. Et elle est bien la seule. Car si le principe est répandu chez les compagnies aériennes américaines, les autres ont considérablement entamé voire épuisé leur couverture pour 2008 et plus aucune ne sera protégée en 2009.