L’industrie aéronautique et du transport aérien peut en partie se rassurer : les difficultés de recrutement auxquelles elle fait face ne sont pas dues à un rejet des jeunes et des actifs mais plutôt à leur méconnaissance du secteur et de ses opportunités. Tel est le principal enseignement de la dernière étude menée par la Chaire Pégase, rattachée à MBS School of Business. Face à ce constat et alors que les deux industries ont déjà commencé à renforcer leur communication, ses chercheurs ont formulé une quinzaine de recommandations dont la mise en place pourrait contribuer à résorber le problème à moyen terme.
Le rapport de la Chaire Pégase pointe une situation tout de même alarmante : 65 % des jeunes de 15 à 24 ans n’ont jamais envisagé de faire leurs études ou leur carrière dans l’aéronautique, et 52 % estiment que ses métiers sont inaccessibles ou réservés à une élite. Par ailleurs, l’étude pointe le fait que l’attrait de la construction aéronautique est encore inférieur à celui du transport aérien : « seuls 24 % des jeunes interrogés envisagent une carrière dans le transport aérien, et à peine 14 % dans la construction aéronautique », peut-on lire dans le rapport publié en mai.
En réalisant cette étude, les chercheurs ont pu remarquer que les sondés connaissaient mal les entreprises du secteur, hors Air France et Airbus, et encore moins le panel des métiers dont elles ont besoin. En ce qui concerne l’industrie, 70 % des jeunes ignorent l’existence de certains métiers parmi les plus recherchés, comme chaudronnier, stratifieur-drapeur ou technicien composites.
« Le manque d’attractivité ne vient pas d’un rejet, mais d’un manque de visibilité, d’information et de représentation. Beaucoup de jeunes n’imaginent même pas que ces métiers leur sont accessibles », résume Paul Chiambaretto, professeur de stratégie et directeur de la Chaire Pégase.
La communication est donc le premier levier à actionner pour attirer les futurs travailleurs vers les métiers de l’aéronautique. Si les initiatives se sont multipliées dans ce sens depuis quelques années, aussi bien au niveau du GIFAS que des groupes et des cabinets de recrutement, il reste du chemin à parcourir pour faire connaître les métiers, leur attractivité et briser l’image d’inaccessibilité qui leur est associée.
Quinze recommandations pour informer et attirer davantage de candidats
Les recommandations que formule la Chaire Pégase s’articulent autour de quatre axes. Il s’agit tout d’abord de sensibiliser les futurs talents dès le collège à l’univers aéronautique, afin qu’ils le découvrent (dans les dispositifs de formation, les forums métiers, les visites de sites, les stages), s’y intéressent et le gardent à l’esprit lors de leur orientation.
Elle préconise également la diversification des canaux de recrutement, par le recours à des influenceurs hors du secteur par exemple, et en allant chercher des candidats éloignés – issus de zones rurales, de quartiers prioritaires. Elle conseille par ailleurs aux entreprises de se tourner davantage vers les publics en reconversion, ce qui implique d’identifier plus clairement et faciliter encore les passerelles entre secteurs, un travail qui est également en cours chez les industriels.
Le troisième axe d’action serait de valoriser davantage les actions du secteur en faveur de la décarbonation, l’innovation, la connectivité des territoires, la solidarité, notamment en les montrant concrètement pour répondre aux aspirations des nouvelles générations.
Enfin, la Chaire Pégase recommande de faciliter l’accès aux carrières en simplifiant les parcours de formation et de reconversion, ou en expliquant plus clairement les conditions d’accès aux métiers, par exemple. Un renforcement des synergies entre grands groupes, PME et acteurs publics pourrait également s’avérer payant. Enfin, un accompagnement financier pour les formations les plus coûteuses ou techniques pourrait faciliter leur accès à des profils qui se seraient autrement auto-censurés, faute de moyens.