Tous les grands noms du transport aérien français étaient réunis au parc des expositions de la porte de Versailles le 20 mars, pour l’ouverture des assises nationales du transport aérien orchestrées par la ministre des Transports Elisabeth Borne. Compagnies aériennes, aéroports, régulateur, syndicats de toutes sortes, tout le secteur va désormais travailler de concert à une stratégie non pas pour améliorer son avenir mais pour l’assurer.
La tâche ne va pas être aisée car la multiplicité des acteurs et des problématiques à aborder va nécessairement apporter une dissonance des points de vue qu’il va être difficile d’accorder par la suite. Les participants auront un petit peu plus de trois mois pour dresser un état des lieux du transport aérien français. Même si les chiffres sont déjà connus, par exemple la perte de 17 points de parts de marché du pavillon français depuis 2000 ou son incapacité à capter plus de 10% de la croissance sur le marché intérieur.
Colloques, ateliers, groupes de travail vont ainsi se succéder jusqu’au début du mois de juillet pour dresser ce qu’Elisabeth Borne souhaite une « vision objective, partagée et ambitieuse » du secteur, empreinte de compromis acceptables par tous les acteurs, portant ses revendications d’une voix unifiée et, qui sait, proposant des solutions réalistes. Cette vision sera présentée au gouvernement, qui fera la synthèse des conclusions des différents groupes de travail* durant l’été et prendra ses décisions en septembre.
Signe de la bonne volonté du gouvernement, Elisabeth Borne a annoncé une première mesure fiscale en faveur des compagnies aériennes, la limitation à 90 centimes d’euro de la majoration de la taxe d’aéroport à partir du 1er avril (au lieu de 1,25 euro). Une goutte d’eau qui devrait leur permettre d’économiser 50 millions d’euros en 2018. Mais le secteur espère beaucoup plus.
« Vous attendez tous que la France se positionne », a reconnu la ministre des Transports. Le secteur attend surtout que son gouvernement adopte une vision stratégique qui lui permette de rendre le pavillon français compétitif, de créer des emplois plutôt que d’en détruire, d’oeuvrer à la transition écologique et de stimuler la recherche et l’innovation en préparant les nouvelles ruptures technologiques. « Il faut pour cela une stratégie nationale. Tous les grands pays aéronautiques ont bâti des stratégies nationales, comme les Etats-Unis ou l’Allemagne. La Commission européenne a adopté en 2015 une stratégie pour le secteur. »
Il est simplement dommage d’avoir attendu que le transport aérien français soit descendu si bas, rongé par une concurrence et des taxes pas toujours équitables, pour commencer à l’écouter et songer à définir la sienne.
*Les assises s’organisent autour de cinq groupes de travail : la performance économique, la performance au service des territoires, la performance environnementale, la performance et l’innovation au service des passagers et la performance sociale.