Ce devait être une réelle solution pour apporter un véritable surcroît de chiffre d’affaires aux compagnies aériennes si durement touchées par les effets de la pandémie de Covid-19 sur leurs opérations, en particulier sur les gros-porteurs. Mais voilà, le sacro-saint principe de précaution a clairement frappé ici aussi, réduisant pratiquement à néant tout potentiel de développement des avions cargo auxiliaires dans le ciel européen depuis quelques jours.
En cause, la nouvelle réglementation de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) relative au transport de marchandises dans les cabines des avions dédiés au transport de passagers et en particulier pour les fameux « Preighters » apparus lors de la première vague de la pandémie pour des besoins sanitaires, puis devenus une réponse opportune pour pouvoir satisfaire les importants besoins en capacité de fret apparus avec la diminution drastique du nombre de vols long-courriers de passagers, et de leurs précieuses soutes.
L’EASA a certainement voulu bien faire au regard des risques incendie inhérents à des cabines qui ne sont évidemment pas équipées des dispositifs généralement présents en soute (détecteurs et extincteurs spécifiques) mais les récentes limitations opérationnelles régissant les avions cargo auxiliaires sont sans doute allées trop loin : 2000 heures de vol après la date des modifications cabine et 31 décembre 2021, en fonction de la première limite atteinte. Il devient clairement plus difficile aux opérateurs de revenir sur leur investissement, même faible, dans ces conditions, sans parler de l’absence de visibilité après l’année prochaine.
Si le risque d’incendie à bord s’est certainement accru avec le développement des appareils avec des batteries au lithium, il semble aussi utile de rappeler que le transport aérien s’est aussi reposé sur des avions mixtes (combi) durant des décennies, sans pour autant avoir fondamentalement mis en cause la sécurité des passagers et des équipages à l’époque. Les « Preighters » ne sont de toute façon pas amenés à transporter des passagers.
En attendant, d’autres Preighters et d’autres compagnies étrangères feront le job.
