Le Journal de l’Aviation a eu l’opportunité de rencontrer Jean Botti, le directeur général technologie et innovation chez EADS, futur groupe Airbus. Portrait d’un passionné.
De l’auto à l’aéro
Après avoir travaillé pour le secteur de l’automobile durant 28 ans, dont de nombreuses années passées aux États-Unis, Jean Botti rejoint l’industrie aéronautique en 2006 comme directeur général délégué à la technologie et à l’innovation d’EADS. Un « retour aux sources », pour cet ingénieur de 56 ans diplômé de l’INSA de Toulouse (1984), capitale européenne de l’aéronautique, fief d’EADS et de sa principale filiale Airbus.
Repéré par des chasseurs de têtes alors qu’il travaillait chez l’équipementier automobile américain Delphi comme directeur des lignes de la Business PowerTrain, Jean Botti pose une condition pour un éventuel retour en Europe : intégrer un groupe multinational capable de lui proposer un nouveau challenge. Cela tombe bien, EADS recherche un directeur technique pour réorganiser ses centres d’innovation dispersés un peu partout dans le monde et totalement isolés les uns des autres. Jean Botti accepte la proposition du géant européen, dirigé à l’époque par le tandem franco-allemand Noël Forgeard – Thomas Enders.
S’inspirant de son expérience acquise aux États-Unis, plus particulièrement chez Delphi Corporation, groupe pour lequel il a mis en place l’entité Customer Solution Center, Jean Botti remplit pleinement sa mission en créant les « EADS Innovation Works », un réseau mondial de centres de compétences techniques, dont les deux principaux se situent à Suresnes (région parisienne) et Munich/Ottobrunn. « En créant ce réseau, mon objectif était d’éviter les duplications et arriver à une synergie. J’ai donc privilégié les technologies d’importance critique pour EADS, telles que les matériaux composites, et valorisé les technologies transversales. Aujourd’hui, nous avons une technologie commune au groupe », explique Jean Botti, qui est aussi président de la Fondation d’entreprise EADS.
En plus des « EADS Innovation Works », Jean Botti a mené d’autres initiatives technologiques dans les domaines de la cybersécurité, la qualité et le management de projets, un domaine dans lequel il excelle du fait de son expérience dans l’automobile.
| La carrière de Jean Botti en dates
1978 : première expérience professionnelle chez Renault |
« Je sais pourquoi je me lève le matin »
Ingénieur passionné de technologie et de physique, doté d’une grande curiosité, Jean Botti est aussi un patron soucieux du bien-être de ses troupes. « C’est important d’avoir des équipes motivées travaillant sur des projets intéressants et passionnants », explique-t-il. Justement, Jean Botti et son équipe travaillent actuellement sur une « grosse initiative qualité ».
Pour être continuellement à la pointe de l’innovation, il n’existe aucune formule magique pour Jean Botti. « Il faut avoir de la curiosité, une forte base technologique et physique (savoir différencier ce qui est pertinent et ce qui ne l’est pas), avoir un bon réseau et une bonne équipe, car ce n’est pas simple d’innover surtout en tant que leader », explique ce détenteur de 24 brevets d’invention, dont 13 au titre de travaux réalisés chez Delphi. Reconnu par ses pairs, Jean Botti est aujourd’hui un homme heureux au travail qui sait pourquoi il se lève le matin. Décoré récemment de la Légion d’honneur (promotion du 14 juillet 2013), il est aussi membre de l’Académie des technologies française, docteur honoris causa de l’Université britannique de Cardiff (depuis 2012), docteur honoris causa de l’Université britannique de Bath (depuis 2010), et membre honorifique de la Society of Automotive Engineers (SAE).
Sa vision de l’aviation dans 50 ans
« Pour moi, dans 50 ans, l’aviation sera très différente de celle d’aujourd’hui. Les avions et les hélicoptères seront moins bruyants et plus respectueux de l’environnement avec le développement des biocarburants. L’avion plus électrique prendra plus en plus de place. Les drones seront fondamentaux tout comme la sécurité dans les aéroports, car les villes seront encore plus congestionnées…», confie Jean Botti.
Chez EADS, on prépare déjà l’avenir de l’aviation plus propre avec notamment le développement de biocarburants et de petits avions entièrement électriques à l’image de l’E-Fan, un biplace 100 % électrique destiné aux écoles de pilotage. Présenté au dernier Salon du Bourget, il devrait voler dans les prochains mois.