Souvenons-nous d’il y a un an. 2019 avait été une relativement bonne année pour l’aéronautique, bien que perturbée par les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, l’immobilisation du Boeing 737 MAX et, en France, la disparition de deux compagnies aériennes. A cette époque, 2020 promettait d’être meilleure en tout point : une trêve dans les tensions commerciales était amorcée tandis que le prix du carburant restait bas, et le FMI voyait s’éloigner les menaces de récession.
Et puis…
La récession, le monde est en plein dedans – à l’exception notable de la Chine, là d’où tout est parti. Un an après, le secteur aéronautique dans son ensemble est dévasté, retombé des décennies en arrière après avoir traversé la pire crise de son histoire. Les cadences de production des avionneurs et leurs sous-traitants ont été réduites de moitié, les compagnies aériennes sont clouées au sol et survivent grâce aux mêmes aides d’Etat qu’elles dénonçaient chez certaines concurrentes et/ou grâce au fret, qui s’est révélé une improbable bouée de sauvetage après des mois de déclin. Car la mondialisation, elle, ne s’est pas arrêtée et loin s’en faut.
L’indice de connectivité mondiale de DHL témoigne d’un redressement spectaculaire de l’économie mondiale. « Les flux de personnes en 2020 ont connu un recul historique, dû aux confinements et aux restrictions des déplacements. […] Tous les autres types de flux – commerciaux, capitaux et informations – se sont toutefois maintenus à un niveau étonnamment élevé. Le commerce international a connu une forte reprise après un repli brutal au début de la pandémie. »
2021 s’ouvrirait-elle alors sous de meilleurs auspices ? Les promesses de vaccins ont redonné de l’espoir à toute l’économie et le fret va pouvoir confirmer son rôle crucial, en montrant qu’il sait gérer leur distribution, tout en assurant le maintien de ce commerce international, si essentiel aux économies.
Mais chacun le sait, cette année s’annonce encore pleine de défis. Il faudra du temps pour que ces fameux vaccins soient distribués à grande échelle et que la pandémie recule. L’apparition de mutations considérées plus contagieuses au Royaume-Uni et en Afrique du Sud a prouvé une nouvelle fois que les gouvernements réagissent sans concertation, éloignant les perspectives d’une harmonisation des procédures sanitaires donc d’une reprise rapide des vols passagers. Les compagnies aériennes risquent ainsi de conserver quelque mois encore un réseau squelettique, si seulement elles survivent à l’expiration des aides gouvernementales, des moratoires et à l’explosion de leur dette. Et le secteur dans son ensemble pourrait donc rester encore quelque temps au sol et assister depuis Zoom au rebond de l’économie mondiale.
S’il n’y aura pas de fête cette fois, le Nouvel An permettra au moins de tirer psychologiquement un trait sur 2020, où l’aéronautique a touché le fond. On sait que le rebond n’arrivera pas aux premières lueurs de 2021 puisque cette nouvelle année va s’ouvrir sur des pays confinés et ce symbole d’un Royaume-Uni qui n’aura jamais été aussi isolé, coupé de l’Europe par le Brexit et du monde par la covid. Mais le retour de l’été sera lui aussi symbolique et devrait enfin permettre au secteur de commencer sa résurrection dans un environnement sanitaire mieux maîtrisé et des populations avides de sortir de leur enfermement.

