L’entretien du PDG d’Airbus Guillaume Faury dans les colonnes du Monde en dit peut-être long sur l’avenir du Système de Combat Aérien du Futur (SCAF) mené par la France, l’Allemagne et l’Espagne (avec la Belgique en tant qu’observateur), alors que deux autres programmes d’avions de combat de sixième génération avancent en Europe.
En toute logique, trois futurs programmes d’avions de combat de sixième génération menés sur le sol européen, cela fera peut-être beaucoup pour pouvoir rentabiliser des programmes toujours plus complexes, logiquement plus coûteux, et pouvoir rivaliser avec les futures évolutions du F-35 qui seront très certainement proposées à l’exportation durant des décennies. Le F-16, certes modernisé à l’extrême, est d’ailleurs un appareil qui se vend toujours en Europe, cinq décennies après son premier vol.
Il faut dire aussi que face aux SCAF, les choses évoluent aussi rapidement depuis quelques semaines. C’est peut-être même là l’une des principales raisons du message de Guillaume Faury, un message sans doute tourné davantage à destination des politiques que des industriels.
Le Global Combat Air Program (GCAP), qui réunit désormais les équipes des anciens programmes Tempest et F-X au Royaume-Uni, en Italie et au Japon, vient de connaître une avancée majeure avec la levée des restrictions d’exportations militaires de Tokyo vers un certain nombre de pays (quinze pour l’instant), une politique de rupture pour le pays du soleil levant. La suède s’intéresse quant à elle toujours davantage au successeur du Gripen de Saab, en témoigne ces récents contrats d’études signés entre l’Administration suédoise de la logistique de la défense (FMV), Saab et l’industriel britannique GKN Aerospace, notamment sur la motorisation d’une future génération d’avions de combat.
Il reste cependant bien difficile d’imaginer un rapprochement entre les deux programmes les plus avancés, SCAF et GCAP, tant il faudrait finalement repartir d’une page blanche compte tenu de l’avancée des deux programmes, et de la répartition des tâches déjà attribuées à une multitude d’industriels. Pire, aucun programme ne pourrait vraisemblablement être mené à son terme avec une telle répartition étatique, avec une participation relativement faible (en pourcentage) pour chaque pays. Quant à la Suède, les jeux restent évidemment ouverts.
Ce qui est sûr, et on le sait depuis le début des deux programmes, c’est que le programme GCAP sera clairement en concurrence avec le SCAF sur les marchés à l’export. Et sur ce point, l’Allemagne a déjà donné un très mauvais signal avec l’affaire des derniers Eurofighter destinés à l’Arabie saoudite.
