« La RAM va quadrupler sa flotte aérienne qui passera de 50 appareils actuellement à 200 appareils au cours des 15 prochaines années ». Cette très grosse annonce du gouvernement marocain au coeur de l’été dernier a largement pu laisser pantois, d’autant que la compagnie nationale marocaine a plutôt connu une phase de surcapacité ces dernières années, et pas qu’à cause de la pandémie.
Mais alors que va bien pouvoir faire Royal Air Maroc avec tous ces nouveaux avions ?
On le sait, Royal Air Maroc prévoit depuis quelques années de renouveler l’intégralité de sa flotte de moyen-courriers (30 monocouloirs 737 actuellement). La compagnie aérienne aligne deux petits 737 MAX 8 sur les quatre initialement commandés avant la crise qu’a connu le programme du monocouloir remotorisé chez Boeing à partir de mars 2019.
Mais de là à pratiquement égaler la taille de la flotte d’Air France (214 appareils, hors flotte régionale) dans les quinze prochaines années…
Le contrat-programme signé entre la RAM et le gouvernement promet en effet beaucoup de choses : développer le tourisme du Royaume en attirant jusqu’à 65 millions de visiteurs à l’horizon 2037 (ils étaient 13 millions en 2019), l’ouverture de nouvelles dessertes internationales (en particulier sur le marché africain, mais aussi vers les Amériques et l’Asie, et la création de 46 dessertes intérieures. En clair, Royal Air Maroc entend quelque peu s’inspirer de la stratégie de sa partenaire Qatar Airways pour dynamiser le tourisme au Maroc et faire de l’aéroport de Casablanca l’un des plus importants hubs de correspondance du continent africain, bien loin de la simple alimentation des vols nocturnes subsahariens que l’on connaît aujourd’hui.
Mais ce que ne dit pas Royal Air Maroc, ni le gouvernement marocain d’ailleurs, c’est que les compagnies low-cost sont logiquement revenues en force après la fin de la pandémie, retrouvant leur rôle de moteurs de croissance pour de nombreux aéroports marocains avec leurs vols point à point depuis l’Europe.
Il faudra donc surtout rivaliser avec elles pour attirer ces touristes en dehors de Casablanca, avec leurs bas tarifs rendus possibles, par définition, par la compression de leurs coûts.
C’est peut-être même le principal défi de la RAM, et pourquoi pas une réelle opportunité, à l’instar des transporteurs à coûts réduits comme Transavia (Air France-KLM), Eurowings (Lufthansa) ou Vueling (IAG).