Les relations sino-américaines sont devenues exécrables et leurs conséquences possibles sur l’industrie aéronautique occidentale doivent être un sujet d’importance pour l’avenir.
Les récents avertissements du secrétaire d’État américain Antony Blinken, puis du directeur de la CIA William Burns quant à une implication plus directe de l’Empire du Milieu dans le conflit en Ukraine sont des messages à entendre à Pékin, mais également dans tout le monde occidental.
Car l’escalade des tensions entre les Washington et Pékin depuis quelques années, avec en toile de fond les menaces sur l’indépendance de Taiwan et les velléités chinoises sur le Pacifique de façon plus générale mènent petit à petit vers une nouvelle guerre froide ente les deux superpuissances. L’administration Biden mène d’ailleurs depuis le mois d’octobre une véritable bataille contre la Chine sur le front des technologies les plus avancées en matière de puces électroniques, avec des sanctions qui pourraient encore prochainement s’étendre à davantage de secteurs.
Certes, le transport aérien peut légitimement sembler bien moins stratégique pour les intérêts américains et des mesures drastiques restent inconcevables aujourd’hui au regard de l’impact que cela pourrait générer sur toute la chaîne de valeur de l’industrie aéronautique. La Chine reste encore par ailleurs l’usine du monde, avec tous les effets destructeurs que cela pourrait avoir sur l’ensemble des économies occidentales de façon plus générale.
Il y a donc très peu de chance de voir à ce stade se dessiner des mesures proches de celles ayant conduit aux embargos contre l’Iran ou aux récentes sanctions économiques contre la Russie. Mais des mesures restrictives plus graduelles pourraient bien venir être imposées par les États-Unis, à l’instar d’une interdiction pour les entreprises américaines de participer à des programmes aéronautiques chinois (ce qui clouerait de fait le C919 de COMAC au sol), mais aussi, pourquoi pas, l’arrêt des joint-ventures impliquant des industriels américains (et peut être aussi occidentaux) dans le tissu aéronautique chinois, par exemple dans la maintenance, les conversions P2F, la fabrication de pièces, voire l’assemblage final. La Chine resterait alors qu’un simple client des produits aéronautiques occidentaux.
Évidemment ces différents scénarios peuvent apparaître comme de la mauvaise science-fiction, mais l’escalade des tensions entre les États-Unis et la Chine doit quand même inciter tous les acteurs à se préparer au pire. Penser que tout continuera comme avant durant la prochaine décennie est très certainement une erreur de jugement.
« Qui ne se préoccupe pas de l’avenir lointain se condamne aux soucis immédiats » aurait d’ailleurs prononcé il y a quelques millénaires un certain Confucius…

