Le très probable lancement d’une version tout cargo de l’A350 n’est plus un secret pour personne. Airbus cherche à reconquérir des parts de marché sur le segment des avions cargo de grande capacité, un marché très largement dominé par son concurrent américain Boeing, mais un marché qui va aussi connaître une mutation certaine au cours des prochaines années.
Car la pandémie a clairement mis un gros coup d’accélérateur sur les différents programmes P2F de gros-porteurs existants (A330P2F d’EFW, 777ERSF d’IAI et GECAS, différents programmes 767P2F…) et les avions cargo sortant directement des lignes d’assemblage des avionneurs vont devoir afficher des performances nouvelles au regard de leur coût d’acquisition élevé. Le sort du 747-8F est déjà définitivement scellé (dernier avion assemblé l’année prochaine), et le carnet de commandes des 767-300F et 777F s’amenuisent progressivement.
Dans ce contexte, Airbus a intensément planché sur deux nouveaux avions tout cargo potentiels, chacun étant dérivé des actuelles familles d’avions gros-porteurs de transport de passagers proposées par l’avionneur européen, à savoir l’A330neo et l’A350. La première solution envisagée, qui capitalisait largement sur les travaux déjà menés sur l’A330F, aurait été la solution la moins onéreuse. Mais elle aurait été aussi celle qui aurait eu le plus grand mal à se démarquer commercialement face à l’arrivée des nouveaux programmes d’avions convertis sur le marché.
En choisissant l’A350, Airbus va en revanche proposer un avion beaucoup plus ambitieux, tant sur le plan technique (allongement du -900, intégration d’un tronçon comportant la porte de chargement cargo au milieu d’un fuselage majoritairement composite, bogies de train d’atterrissage principal à 6 roues, motorisation du -1000…) que sur le plan commercial. Avec cet avion, qui pourra transporter plus de 100 tonnes de fret entre les continents, Airbus va ainsi imposer ce qui se fait de mieux aux acteurs du monde du cargo, à l’image de ce qui s’est produit pour le transport de passagers avec son « tueur de Triple Sept » quelques années plus tôt. Mieux, la future version cargo de l’A350 demeurera compétitive face à une version cargo du 777X qui viendra logiquement aussi un jour, mais certainement pas dans un avenir proche.
Le lancement du nouvel avion n’est plus qu’une question de mois ou de semaines, Airbus travaillant aujourd’hui à faire monter des premiers clients à bord du programme, avec en tête de liste des opérateurs ou clients de la famille A350, et très probablement des utilisateurs de 777F. Le programme est vraiment ambitieux et le calendrier serré. Et c’est bien là que la continuité numérique et que le regroupement et l’optimisation des activités aérostructures de l’avionneur européen prennent maintenant tout leur sens. Ce sont même devenu d’impérieuses nécessités…