Alitalia va bientôt laisser la place à ITA (Italia Trasporto Aereo), une structure destinée à venir gommer des années de gestion désastreuse de la compagnie porte-drapeau italienne.
Sur le papier, la nouvelle compagnie démarre ses premiers vols le 15 octobre avec seulement 2800 salariés et 52 avions, et avec une grille de rémunérations comparable aux grandes compagnies low-cost du continent. Une commande portant sur plus de 80 appareils de nouvelle génération est aussi dans les cartons, venant refléter les importantes ambitions du nouveau transporteur d’ici 2025.
Mais ITA, c’est aussi de nombreuses interrogations concernant le sort des 7400 autres salariés d’Alitalia, le rachat potentiel de sa marque valorisée à 290 millions d’euros, et les incertitudes liées à un décollage qui interviendra malheureusement juste avant la saison hiver, la moins propice en termes de recettes.
Un report de son lancement serait même envisagé, avec d’importants risques de conflit avec l’UE, notamment quant à la conformité du financement de 1,35 milliard d’euros promis par l’État italien sur trois ans.
Alitalia pourrait donc renaître grâce à un subtil tour de passe-passe imaginé par le gouvernement italien pour réduire ses coûts et sans doute se débarrasser de ses anciennes dettes (dont les remboursements des prêts illégaux). Le plus étonnant c’est qu’il s’agit bien là d’une transition entre entreprises publiques, avec des méthodes qui pourraient faire pâlir d’envie d’autres grandes compagnies aériennes européennes, traditionnelles ou low-cost.
Autre aspect notable, la décorrélation entre l’histoire et la structure d’une entité et sa marque commerciale, une tendance qui pourrait aussi s’accentuer à l’avenir, à l’instar de la disparition de la compagnie CSA cet été (mais pas de ses vols).
L’impact de la pandémie sur le transport aérien n’aura finalement pas été que financier. Il touche aussi désormais ses valeurs.
