L’exercice CJPRSC (combined joint personnel recovery standardisation course) s’achève ce 24 septembre sur la base aérienne de Pápa, en Hongrie. Cet entraînement à la récupération de personnel par des équipes interalliées a été conduit sous l’égide du nouvellement créé European Personnel Recovery Centre (EPRC), qui a vu le jour le 8 juillet dernier sur la base de Poggio Renatico, en Italie. Ce pôle d’expertise regroupe pour l’instant une quinzaine d’officiers et prend ainsi le relais du Groupe aérien européen sur cet exercice.
Le cours de standardisation des procédures de PR (« personnel recovery ») a débuté le 9 septembre dernier, avec une première semaine dédiée aux apports théoriques, des cours tactiques dispensés pour « mettre tout à plat » et permettre à tous les participants de partir sur un socle commun – car toutes les unités n’ont pas le même niveau en termes de PR, loin s’en faut, comme l’explique le lieutenant-colonel Yves-Henri, officier projet sur l’exercice.
Ces sessions de théorie ont par exemple permis aux équipages et commandos de se faire présenter le Mi-24, un des hélicoptères qui était déployé par la Pologne sur cette édition 2015, ou encore de mieux appréhender la mission d’un pilote d’A-10, l’avion spécialisé dans les missions d’appui-feu des troupes au sol.
La seconde partie de l’exercice a été consacrée aux vols, 18 en tout, en veillant à ce que « tout le monde vole avec tout le monde », selon le lieutenant-colonel Yves-Henri. Il n’était donc pas étonnant de voir des commandos allemands ou suédois monter à bord des Puma de l’EH 1/67 « Pyrénées », qui se trouvaient eux-mêmes dans des COMAO (Combined air operations) pouvant impliquer des Mi-24 ou W-3 Sokol polonais, ou encore des A109 belges, ni de faire embarquer des commandos du CPA 30 dans des Super Puma espagnols. Ce qui n’a parfois pas été sans difficultés (voir ARTICLE).
« Plus on avance, plus on réduit le temps de préparation de la mission », explique l’officier projet. Certaines missions sont parfois même élaborées pour ne pas pouvoir être accomplies, afin de « voir jusqu’où le responsable de la mission engage la sécurité du reste de l’équipe ». Il s’agit véritablement de plonger les participants dans des scénarios les plus réels possibles, tels qu’ils ont pu ou auraient pu être rencontrés sur des terrains tels que l’Afghanistan ou la Lybie.
Les scénarios impliquaient entre autres un équipage de Gripen ou de Mirage 2000 à récupérer après une attaque, des personnels blessés après un accident d’hélicoptère, voire des… journalistes. Car la récupération de personnels regroupe aussi bien des missions de sauvetage de civils dans un environnement permissif ou non, que de militaires entraînés ou non. La manœuvre se déroule selon un schéma relativement simple : Une première patrouille de deux hélicoptères « rescort » (rescue escort) sécurise la zone, pour que le ou les hélicoptères de sauvetage (rescue vehicle) puissent venir se poser et que les commandos à bord parviennent à extraire le personnel isolé. Le tout avec l’aide de chasseurs, d’un Learjet simulant des moyens ISR ou encore d’un AWACS.
La règle dans ce genre de mission, c’est de considérer le personnel isolé comme un ennemi, jusqu’à ce qu’il soit formellement identifié, à l’aide de questions auxquelles lui seul peut répondre. C’est aux commandos déployés de mettre en pratique les procédures d’authentification et de se déployer de manière à pouvoir assurer la sécurité de l’extraction. Sur l’exercice, le CPA 30 avait envoyé douze personnels, dont neuf en module de récupération au sol. « La répartition se fait ensuite entre l’équipe d’appui et l’équipe de récupération, généralement quatre et cinq », avec la possibilité d’ouvrir le feu dans les cas d’auto-défense, en fonction de la tactique du chef de groupe et de l’accord du commandant de bord.
Les missions des différentes « task force » ne sont pas connues à l’avance, mais le jour même. Parfois avec des informations lacunaires. La mission du jeudi 17 s’est par exemple faite sans coordonnées précises au début, uniquement une zone définie. L’équipage du Puma a donc dû se coordonner avec un AWACS en vol, qui leur a fourni des informations plus précises sur la position des trois membres d’équipage et des cinq commandos du Super Puma qui s’était écrasé (pour les besoins de l’exercice). Accompagnés d’une patrouille de Mi-24 en rescort, les Puma ont mené la mission à bien, tandis qu’en parallèle, deux Super Puma espagnols chargés de commandos allemands ont localisé, identifié et extrait un personnel blessé aux jambes, escortés de deux A109 belges.
L’action des commandos est parfois complétée par l’utilisation de minidrones, destinés à améliorer la connaissance et l’appréciation de la situation au sol, dans le cadre d’une reconnaissance masquée par exemple. La Suède et l’Italie utilisent de tels plateformes, tandis qu’en France « on y travaille ».
En guise de « cerise sur le gâteau », une mission de nuit a été conduite en début de semaine, en clôture de l’exercice. Le vol de nuit et l’ensemble de la mission se sont visiblement bien passés pour les équipages de l’armée de l’air, « l’objectif a été atteint ».
Ce contexte interalliés pourrait à l’avenir s’enrichir d’un contexte interarmées renforcé, avec une participation potentielle de l’ALAT. Si la PR n’est pas une mission de base de l’ALAT, les personnels du 3ème RHC qui avaient participé au CJPRSC 2014 à Florennes, en Belgique, s’étaient montrés enchantés de découvrir la mission. Cette année, en raison d’une réduction au minimum des effectifs et des appareils demandée par la direction de l’exercice, l’ALAT n’a pas fait le déplacement jusqu’en Hongrie. Mais il n’est pas exclu qu’à l’avenir l’ALAT participe de manière plus conséquente à ce genre d’entraînements, les frontières devenant « de plus en plus poreuses entre les armées », selon l’un des acteurs de ce CJPRSC.