Il flotte comme un vrai parfum de confiance dans le monde de l’aérien depuis quelques semaines et les bonnes nouvelles s’accumulent, donnant toujours plus de visibilité à toute une chaîne de valeur qui a tant souffert durant la crise liée à la pandémie. Le récent accord à l’amiable trouvé entre Airbus et Qatar Airways, qui met un point final à un différend que je qualifiais d’ailleurs de « jeu perdant-perdant » dans un précédent éditorial, en est d’ailleurs l’une des dernières manifestations.
Car le transport aérien va enfin redevenir vraiment rentable en 2023, avec un niveau de trafic proche de celui de 2019 à partir du mois de juin. L’Asie va d’ailleurs logiquement tirer la croissance, avec les effets progressifs, mais implacables, qui sont directement liés à l’ouverture du marché chinois. La moitié des nouvelles capacités introduites dans le monde cette année viendront d’ailleurs d’Extrême-Orient.
Certes, de nouveaux freins sont apparus dans l’industrie aéronautique qui peine à monter en cadences pour répondre à la demande. Certains se montrent même fragiles, à l’image du motoriste Rolls-Royce qui, il y a quelques jours, a tenu des propos sans doute malheureux, mais certainement fondés, avec une vraie remise en question de son modèle économique sur le marché civil face à ses grands rivaux.
Avolon, deuxième plus important loueur d’avions commerciaux au monde, résume d’ailleurs parfaitement bien la situation que rencontrent les compagnies aériennes aujourd’hui : il manque tout simplement 2400 avions de ligne sur le marché pour répondre à la demande (1700 monocouloirs et 700 gros-porteurs), une flotte qui aurait logiquement été produite si ce virus n’était pas arrivé et si Boeing n’avait pas connu ces déboires sur les programmes 737 MAX et 787.
En attendant, toute la chaîne de valeur tente maintenant d’en tirer un certain profit, que ce soit avec l’augmentation des tarifs des billets pour les passagers au niveau des opérateurs, l’augmentation des baux pour les loueurs, la hausse des tarifs des prestations au niveau du soutien et de la maintenance… Les arguments en faveur d’une nouvelle vague de consolidations sont même encore davantage légitimés alors qu’à l’inverse les acteurs qui n’apportent pas de vraie valeur ajoutée sur le marché sont condamnés à disparaître, à l’image des récentes faillites des compagnies aériennes Flyr et Flybe, en Norvège et au Royaume-Uni.
En dépit des difficultés persistantes, le secteur fait montre d’une indéniable résilience et retrouve même véritablement un nouveau dynamisme. Il fait en quelque sorte mieux avec moins. Après trois années de crise, c’est finalement la fin du vol à vue pour le transport aérien mondial.

