Le petit monde des avions régionaux est aujourd’hui complètement chamboulé et le constructeur franco-italien ATR se trouve maintenant dans une situation vraiment inédite. Il est tout simplement seul sur le marché…
Le programme Q400, ancien grand concurrent de l’ATR 72, désormais passé sous le giron de De Havilland Canada, reste aux abonnés absents sur le plan commercial depuis la fin de sa production à Downsview et pour l’instant tout semble indiquer qu’il ne reviendra pas de si tôt. Le « De Havilland Field » qui ouvrira ses installations en 2025 si tout se passe comme prévu, près de Calgary, pourra y accueillir un jour une ligne d’assemblage dédiée, mais pour l’instant les priorités pointent vers d’autres programmes.
Mais l’information de taille c’est qu’Embraer a jeté l’éponge dans son projet d’avion régional turbopropulsé, un programme officiellement « suspendu » qui promettait beaucoup de choses tout en venant enrichir la gamme commerciale de l’avionneur brésilien et l’encrer à nouveau dans l’aviation régionale.
On avait bien vu venir un certain flottement sur le projet depuis quelques années, avec l’apparition de nouvelles images d’artistes présentant cette motorisation un peu spéciale à l’arrière. Et les explications d’Embraer ont évidemment directement pointé du doigt l’absence de moteurs de rupture qui auraient pu être adaptés à cette future plateforme.
Il faut dire aussi qu’Embraer aurait sans doute eu la vie dure pour venir s’attaquer à la série -600 d’ATR, déjà particulièrement compétitive et récemment encore améliorée avec l’arrivée du PW127XT de Pratt & Whitney Canada, un moteur qui réduit encore significativement les coûts de maintenance des appareils, sans parler des futures évolutions possibles avec EVO.
ATR se trouve maintenant dans une position particulièrement enviable, avec un actionnariat solide, une gamme encore améliorée, de nouvelles ambitions dans le remplacement des Dash 8-300 avec la version STOL de l’ATR 42-600 et un marché potentiel au total évalué à près de 2500 avions sur les 20 prochaines années.
La décision annoncée par la présidente exécutive d’ATR Nathalie Tarnaud d’atteindre les 80 livraisons par an dans la seconde moitié de la décennie n’est finalement peut-être qu’un commencement…